Au Pakistan, la vaccination antipolio de nouveau prise pour cible. Ce lundi 8 janvier, dans le nord-ouest du pays, au moins cinq policiers chargés de la protection de vaccinateurs ont été tués lors de l’explosion d’une bombe placée sur leur véhicule. L’attaque a eu lieu dans le district de Bajaur, près de la frontière avec l’Afghanistan, une région où les attentats se sont multipliés ces derniers mois et en particulier depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul en août 2021.
«Un camion de la police transportant environ 25 policiers en charge de la campagne antipolio a été visé par un IED (engin explosif improvisé)», a détaillé Anwar ul Haq, un haut responsable administratif du district de Bajaur. Selon cette même source, l’attaque aurait également fait 21 blessés. Un bilan confirmé par Kashif Zulfiqar, un haut responsable de la police du district.
L’attaque n’a pas été revendiquée dans l’immédiat. Toutefois, des militants islamistes, notamment ceux du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), les talibans pakistanais, ciblent depuis des années les vaccinateurs antipolio et les policiers assurant leur sécurité. Le Pakistan est pourtant l’un des deux seuls pays au monde, avec l’Afghanistan, où la poliomyélite reste endémique.
Théories conspirationnistes
La lutte contre cette maladie virale très contagieuse se heurte en effet à une suspicion persistante au sein de la république islamique du Pakistan, où abondent les théories conspirationnistes voulant notamment que les vaccins s’inscrivent dans un complot occidental pour stériliser les enfants musulmans.
Une autre de ces théories prenant pour cible la campagne antipolio prétend que les vaccins contiennent de la graisse de porc et rendent les personnes inoculées infertiles. Des imams se sont alors publiquement opposés à cette vaccination, estimant à tort que la campagne était financée par l’Occident dans le but d’affaiblir les musulmans.
Cette méfiance, alimentée par des religieux ultraconservateurs, s’est notamment accrue après l’organisation d’une fausse campagne de vaccination par la CIA, dans le but de retrouver le chef d’Al-Qaida, Oussama ben Laden, tué en 2011 dans le nord du pays. Dans cette affaire, le Pakistanais Shakeel Afridi a été condamné 2012 à 33 ans de prison par un tribunal pakistanais pour avoir participé à une fausse campagne de vaccination contre l’hépatite B organisée pour s’assurer, via des prélèvements d’ADN sur sa famille, que le terroriste se trouvait bien sur place.