La déchéance de l’ancien Premier ministre se poursuit. Le gouvernement pakistanais va demander l’interdiction du parti politique d’Imran Khan, emprisonné depuis presque un an, a déclaré ce lundi 15 juillet le ministre de l’Information, après une série de décisions de justice favorables à l’ancien responsable.
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«Le gouvernement a décidé de déposer une requête pour interdire le PTI» (Pakistan Tehreek-e-Insaf ou Mouvement du Pakistan pour la justice), a affirmé Attaullah Tarar à la presse à Islamabad, précisant que l’affaire serait portée devant la Cour suprême. «Nous pensons qu’il existe des preuves crédibles de la nécessité d’interdire le PTI», a-t-il ajouté, en référence aux accusations à l’encontre d’Imran Khan, dont la divulgation de documents classifiés et l’incitation à l’émeute. «Nous défendrons vigoureusement cette affaire et n’épargnerons aucun effort», a-t-il appuyé.
Le PTI a réagi en affirmant qu’il «ne tolérera pas» les efforts du gouvernement pour l’interdire, a déclaré Raoof Hasan, un porte-parole du parti. «Le PTI est devenu plus fort qu’auparavant. Nous y ferons face», a-t-il précisé.
Visé par plus de 200 affaires judiciaires
Imran Khan, Premier ministre de 2018 à 2022, est empêtré dans plus de 200 affaires judiciaires depuis qu’il a quitté le pouvoir après une motion de censure, après avoir perdu le soutien de l’armée qui l’avait porté à la tête du gouvernement. Une campagne destinée à l’empêcher de le reprendre, d’après cette ancienne star du cricket et play-boy de la jet-set londonienne des années 70-80. Depuis août 2023, l’ex-chef d’Etat de 71 ans est emprisonné pour corruption concernant une affaire de cadeaux diplomatiques. Condamné à 14 ans de prison en janvier, cette décision de justice avait été suspendue en avril par une haute cour pakistanaise. Début juin, Imran Khan a aussi été acquitté dans une affaire de divulgation de documents confidentiels, pour laquelle il avait été condamné en janvier à dix ans de détention en première instance. Samedi 13 juillet, c’est pour une autre condamnation à sept ans de prison pour mariage illégal en vertu de la loi islamique qu’Imran Khan a été acquitté par la justice.
Un panel d’experts de l’ONU a récemment estimé que la détention de l’ex-Premier ministre pakistanais était arbitraire et contraire aux lois internationales, appelant «immédiatement» à sa libération. Sa détention «n’a aucune base légale et semble avoir été destinée à disqualifier sa candidature à une fonction politique», a jugé le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, dans un avis rendu public début juillet. «La solution appropriée serait de relâcher M. Khan immédiatement et de lui accorder une compensation exécutoire et d’autres réparations, en accord avec les lois internationales», a-t-il détaillé.
Analyse
Parallèlement, la Cour suprême a accordé vendredi au PTI une vingtaine de sièges au Parlement réservés aux femmes et aux minorités, quelques mois après des élections législatives contestées en février dernier. Contre toute attente, le parti d’Imran Khan – pourtant interdit d’élection – était arrivé en tête du scrutin, ouvrant une période d’incertitude politique pour le pays. Le PTI avait dénoncé un scrutin truqué afin de les empêcher d’obtenir la majorité absolue.
Mis à jour à 14 h 33 avec la réaction du PTI et l’avis des experts de l’ONU sur la détention d’Imran Khan.