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Pénuries

Au Sri Lanka, des funérailles sous haute tension

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La mort d’un citoyen, tué par la police alors qu’il attendait devant une station-service depuis des heures, aggrave la colère d’une population en souffrance et excédée par les pénuries des biens de première nécessité.
Les autorités locales inspectent une station-service endommagée à Rambukkana, le 20 avril. (Ishara S. Kodikara /AFP)
publié le 22 avril 2022 à 8h56

«Gota va-t’en !» Pour tenter d’étouffer ce cri poussé par de plus en plus de Sri-Lankais, le président Gotabaya Rajapaksa déploie l’armée durant trois jours, jusqu’à samedi, dans la région de Rambukkana, dans le centre de l’île. C’est là que, mardi, un homme de 41 ans, père de deux enfants, a été tué par la police, et au moins treize autres personnes blessées. Selon les journalistes de l’agence Reuters venus enquêter sur place, il avait attendu toute la nuit, comme de nombreux autres citoyens, devant une station-service.

Quand on leur a annoncé qu’il n’y avait plus d’essence et qu’aucun ravitaillement n’était prévu, certains ont protesté en bloquant la route et la voie ferrée voisines, et ont affronté la police à coups de pierres. Les forces de l’ordre ont dispersé la foule à coups de lacrymo et, selon les témoins, à balles réelles. Les autorités, qui affirment avoir «usé d’une force raisonnable conformément à la loi», se justifient en expliquant que «des manifestants tentaient d’incendier un camion-citerne». Une version peu plausible alors que la pénurie de carburant est si aiguë que les files de motos et de rickshaws s’étendent sur plusieurs kilomètres devant les stations-service, gardées par des soldats ou des policiers pour éviter les bagarres.

Appels à la démission du gouvernement

Le gouvernement redoute que les funérailles de K.D. Chaminda Lakshan, prévues vendredi ou samedi, n’embrasent le pays de 22 millions d’habitants, après un mois de manifestations sous haute tension déclenchées pa