Navanima Rajamani est avachi contre la carrosserie de sa voiture, à la recherche d’un peu d’ombre. Sa mine est tirée, ses yeux rouges de fatigue. Cela fait quatre jours que ce chauffeur personnel dort dans ce véhicule, dans l’espoir d’obtenir un peu d’essence. «Je suis épuisé, lâche-t-il d’une voix faible. Cela fait quatre jours que je ne suis pas rentré chez moi, car je ne veux pas perdre ma place dans la file d’attente.» Son obstination se comprend : devant cette station essence du centre de Colombo, plus d’un millier de véhicules s’alignent sur plus d’un kilomètre, dans une double file qui fait le tour du grand lac de Gangaramaya. «Et on nous a dit que l’essence n’arrivera que dans trois jours…» conclut Navanima, résigné. Son employeur et le propriétaire de la voiture est marchand d’or, mais ces jours-ci, au Sri Lanka, l’essence est un bien encore plus rare et précieux que le métal jaune. «La vie s’est transformée en une file d’attente devant une station essence», illustre ce chauffeur.
Reportage
La crise politique s’est calmée depuis la démission officielle du président Gotabaya Rajapakse jeudi soir, et la transition politique doit mener à l’élection d’un nouveau chef de l’Etat mercredi, par les parlementaires. Mais la crise économique et sociale perdur