Ce matin-là, il s’est levé tôt. Il a avalé à la hâte son petit-déjeuner, pris ses médicaments antidiabétiques, avant de filer à la rédaction. «Il devait finir des articles et des dessins. Nous étions alors à deux jours de l’élection présidentielle de 2010 au Sri Lanka. Il devait passer au temple avant de revenir à la maison, se souvient Sandya Eknaligoda, l’épouse du journaliste Prageeth Eknaligoda qui travaillait pour le site Lankaenews. Sans nouvelle de lui en fin de journée, je l’ai appelé vers 21 heures. Mais son portable était éteint. J’ai réessayé à plusieurs reprises, puis j’ai eu alors très peur, d’un coup, beaucoup de doutes. J’ai appelé des proches toute la nuit. L’un d’eux m’a raconté qu’il avait eu mon mari au téléphone vers 20 h 30. Il lui avait dit : “Je suis avec des amis, je pars”» Mais Prageeth Eknaligoda n’est jamais arrivé.
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Depuis le 24 janvier 2010, ce dessinateur de presse et analyste politique est porté disparu. Le cas de cet homme de 63 ans illustre l’ampleur des disparitions forcées au Sri Lanka. Des milliers de personnes ont connu le même sort lors de la sale guerre civile sri-lankaise qui, entre 1972 et 2009, a coûté la vie à au moins 120 000 personnes. En 2015, le groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme disait avoir enregistré 5 671 cas liés à la guerre au Sri Lanka, sans compter les personnes p