Menu
Libération
Environnement

En Australie, la Grande Barrière de corail à nouveau victime d’un «vaste blanchissement»

Le site subit actuellement un «vaste blanchissement», le quatrième depuis 2016, provoqué par des températures océaniques supérieures à la moyenne.
Sur la Grande Barrière de corail vivent 1 500 espèces de poissons et 4 000 types de mollusques. (Jumbo Aerial Photography/AP)
publié le 25 mars 2022 à 9h35

Le timing est mauvais pour le gouvernement australien. Au moment où l’Unesco doit ausculter la barrière de corail pour décider si ce site doit être rétrogradé pour être classé «en péril», le fragile écosystème montre des signes de souffrance.

Des vols de surveillance aérienne ont constaté une décoloration du corail au niveau de multiples récifs, «confirmant un vaste phénomène de blanchissement, le quatrième depuis 2016», selon un rapport de cette autorité qui gère le plus grand système de récifs coralliens du monde. Les coraux ont souffert de fortes températures en dépit d’un phénomène de rafraîchissement de l’été austral par La Nina, a souligné l’autorité.

La Grande Barrière est aux premières loges du changement climatique. L’océan absorbe une grande partie des émissions de CO2 libérées par l’être humain, ce qui le réchauffe et modifie l’acidité de l’eau de mer. Ce changement de PH attaque les organismes dont le squelette est en calcaire, comme les coraux. A cela s’ajoutent les vagues de chaleur marines, autre source de stress pour les coraux. Le phénomène de dépérissement, qui se traduit par une décoloration, entraîne l’expulsion des algues qui donnent au corail sa couleur vive.

«Blanc fantomatique»

Bien que les coraux blanchis soient soumis à un stress, ils peuvent encore se rétablir si les conditions deviennent meilleures, a cependant souligné la même source : «Les conditions météorologiques des deux prochaines semaines sont cruciales pour déterminer l’étendue et la gravité du blanchiment des coraux dans le parc marin.»

L’étude portant sur ce phénomène de vaste blanchiment a été publiée quatre jours après que les Nations unies ont commencé l’inspection de la Grande Barrière afin d’évaluer si le site, classé au patrimoine mondial depuis 1981, est protégé du changement climatique. L’Unesco avait laissé un an de sursis au gouvernement australien pour se montrer à la hauteur. La qualité de l’eau et le bilan climatique de l’Australie, tous deux mauvais, étaient notamment pointés du doigt. Le pays voulait de son côté éviter que son site, qui attire le tourisme, soit classé «en péril» et avait par la suite annoncé un plan d’investissement pour le récif.

«Les couleurs vives et appréciées de la Grande Barrière de corail sont en train d’être remplacées par […] un blanc fantomatique», a déploré Martin Zavan, militant de Greenpeace Australie. Il a exhorté le gouvernement à montrer les endroits affectés par ce phénomène à la mission de l’ONU qui inspecte actuellement le récif plutôt que les zones pittoresques qui n’ont pas été touchées : «Si le gouvernement souhaite réellement permettre à la mission des Nations unies de se faire une idée complète de l’état du récif, il doit emmener la mission dans le nord et le centre du récif.»

La Grande Barrière de corail abrite quelque 1 500 espèces de poissons et 4 000 types de mollusques. En février, une étude a averti qu’au-delà d’une hausse de la température moyenne de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, plus de 99% des coraux seraient incapables de se remettre des vagues de chaleur marines de plus en plus fréquentes.