Palmiers, eaux turquoise et hôtels de luxe, les Maldives sont très prisées par les touristes, surtout les plus fortunés. Mais dans ce décor de carte postale paradisiaque, situé dans l’océan Indien, la chasse aux sorcières perdure. Fathimath Shamnaz Ali Saleem, secrétaire d’Etat à l’Environnement, au changement climatique et à l’énergie de l’archipel, a été arrêtée dimanche 23 juin et placée en détention provisoire. D’après les médias locaux, elle est accusée d’avoir eu recours à de la «magie noire» contre le président conservateur Mohamed Muizzu. Pour l’heure, la police n’a pas voulu confirmer ou infirmer cette information.
D’après la chaîne publique française Outre-mer La Première, la secrétaire d’Etat est soupçonnée d’avoir jeté un sort au dirigeant des Maldives dans le but d’obtenir le «portefeuille de ministre à la présidence, qui permet de travailler directement avec le chef de l’Etat en occupant un bureau au palais présidentiel». Ce média précise que «c’est son ex-mari qui a obtenu le poste qu’elle convoitait».
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Une pratique courante de la sorcellerie
Cette affaire est prise très au sérieux dans le plus petit pays d’Asie. La pratique de la sorcellerie n’est pas anecdotique ou surprenante dans cet Etat insulaire. Les habitants ont couramment recours à des cérémonies traditionnelles, persuadés qu’elles leur permettront d’obtenir des faveurs ou de jeter un sort à leurs adversaires.
Ces croyances peuvent aussi mener à des drames. L’année dernière, une femme de 62 ans a été poignardée à mort par trois de ses voisins sur l’île de Manadhoo, après avoir été accusée d’avoir organisé des cérémonies de magie noire, a rapporté le site d’information des Maldives Mihaaru, à l’issue d’une longue enquête de police.
En 2012, la police avait violemment arrêté un rassemblement politique de l’opposition après avoir accusé les organisateurs d’avoir jeté un coq pour lancer un sort sur les officiers qui faisaient une perquisition dans leurs bureaux. Des ONG dénoncent régulièrement les répressions contre les droits de l’homme dans les Maldives. D’après Amnesty International, «la police a régulièrement eu recours à une force illégale pour réprimer des manifestations, et des défenseur·e·s des droits humains ont subi des représailles».
Passible de six mois de prison
La sorcellerie est-elle donc punie par la loi ? Deux systèmes juridiques distincts coexistent dans l’archipel. Elle n’est pas réprimandée dans le code pénal. Mais dans ce pays où l’islam est religion d’Etat, au regard de la loi islamique (charia), jeter des sorts est passible d’une peine de six mois d’emprisonnement.
En attendant le verdict de l’enquête concernant Fathimath Shamnaz Ali Saleem, les Maldives sont privées de leur secrétaire d’Etat au changement climatique, alors que l’archipel se trouve en première ligne face au réchauffement de la planète. La montée du niveau de la mer pourrait rendre le pays pratiquement inhabitable d’ici la fin du siècle, selon les experts environnementaux de l’ONU.