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Libération
Reportage

Aux Philippines, «Bangsamoro est l’un des rares exemples de processus de paix positifs au monde»

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Après des décennies de guerre civile, la région musulmane autonome prépare ses premières élections, même si l’islamisme radical et les violences claniques continuent de fragiliser ce retour à la normale.
Raga Bwatatarwan et les femmes de la coopérative agricole de Barira Sud. (Lisa Marie David/Libération)
par Nicolas Rocca, envoyé spécial à Mindanao (Philippines)
publié le 11 juin 2024 à 20h19

«Les checkpoints, ce sont nos monuments, nos points de repère», s’amuse Timothy Olivo, coordinateur de l’ONG Acted pour l’île de Mindanao. Sagement installés sous leur guérite pour s’abriter des étouffants rayons du soleil, deux soldats de l’armée philippine jettent un coup d’œil à l’intérieur des véhicules qui s’aventurent sur les routes escarpées. La scène se répète à chaque entrée de commune, avec un sérieux variable selon la sensibilité de la zone. Car pour les près de 5 millions d’habitants de la seule région philippine à majorité musulmane (91 % de la population), la paix reste davantage un horizon qu’une réalité.

En décembre, un attentat revendiqué par l’Etat islamique lors d’une messe catholique dans la ville de Marawi a fait quatre morts et une quarantaine de blessés. Rappel douloureux de souvenirs que l’on espérait enfouis, dans une région dont l’histoire est marquée du sceau de la violence. Depuis la fin des années 60, des fractions armées des Moros, ethnie majoritaire musulmane, se battent contre le pouvoir de Manille pour l’indépendance de la région du Bangsamoro, historiquement dominée par la minorité chrétienne (5 % de la population). Un combat mené par différents groupes