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Aux Philippines, le boxeur Manny Pacquiao renonce au ring pour la présidentielle

Le multi-champion du monde retraité se présente à l’élection présidentielle de 2022. Mardi, celui qui a déjà été sénateur a annoncé arrêter définitivement sa carrière pour se consacrer à la politique.
Le sénateur Manny Pacquiao, au centre, lors d'une convention nationale de son parti PDP-Laban à Quezon City, aux Philippines, ce dimanche. (Manny Pacquiao. MediaComms /AP)
publié le 19 septembre 2021 à 19h27
(mis à jour le 29 septembre 2021 à 8h16)

Seul boxeur à avoir porté la ceinture de champion du monde dans huit catégories de poids différentes, Manny Pacquiao s’apprête à disputer un nouveau combat : l’élection présidentielle de 2022 aux Philippines. Pour ce faire, celui qu’on surnomme «Pac Man» a annoncé mardi qu’il prenait sa retraite définitive, prenant la décision la «plus difficile» de sa vie. «Il est difficile pour moi d’accepter que ma carrière de boxeur est terminée», a-t-il expliqué dans un message vidéo posté sur Twitter.

Manny Pacquiao va briguer la présidence sous les couleurs d’une faction dissidente du PDP Laban, le parti du président Rodrigo Duterte, qu’il soutenait encore récemment. «Le moment est venu, nous sommes prêts à relever le défi de la présidence», a annoncé le célèbre Philippin. Il a pris sa décision quelques semaines après son dernier combat professionnel, une défaite le 22 août à Las Vegas face au Cubain exilé aux Etats-Unis Yordenis Ugas.

«Mégaprison» pour corrompus

Manny Pacquiao, 42 ans, 1,66 m pour 66 kg (poids welter), n’est pas un novice en politique. En 2010, il était élu député, avant de devenir sénateur en 2016. Il a déclenché des controverses par ses déclarations homophobes ou favorables à la peine de mort. Il a longtemps été un chaud partisan de la «guerre contre les trafiquants de drogue» lancée par l’actuel président dès son arrivée au pouvoir, en 2016. Une politique qui a alerté les procureurs de la Cour pénale internationale siégeant à La Haye (Pays-Bas) : ils souhaitent enquêter sur le meurtre présumé de plus de 20 000 personnes. La Constitution ne permet pas de briguer un deuxième mandat de six ans, mais Duterte a annoncé son intention de se présenter l’an prochain comme vice-président, derrière un ou une candidat(e) qui pourrait être sa propre fille, Sara Duterte Carpio.

Premier axe de campagne d’Emmanuel «Manny» Pacquiao : envoyer «des centaines ou des milliers» de politiciens véreux dans une «mégaprison» construite à cet effet. Dimanche devant ses partisans, il a mis en avant ses origines modestes : vendeur de beignets dans les rues, il s’est lancé à 16 ans dans la boxe professionnelle pour une bourse de 1 000 pesos (19 euros). La fortune amassée avec ses poings est aujourd’hui estimée à plus de 500 millions de dollars. «A tous ceux qui me demandent quelles sont mes compétences et aptitudes, est-ce que vous avez déjà souffert de la faim ? a-t-il déclaré. Savez-vous ce que c’est de n’avoir rien à manger, de devoir emprunter de l’argent à vos voisins ou d’attendre pour récupérer les restes d’un restaurant ? Le Manny Pacquiao qui est en face de vous a été façonné par la pauvreté.»

Prédicateur évangélique et philanthrope

Manny Pacquiao est en outre colonel de l’armée, a disputé plusieurs matches de basket dans la ligue professionnelle philippine, et a mené de front des carrières d’acteur et de chanteur. Sans oublier son activité de prédicateur évangélique. Il est aussi admiré par ses compatriotes pour sa générosité de philanthrope à l’occasion de catastrophes naturelles.

D’autres pugilistes ont mis leur popularité au service d’une carrière politique, avec plus ou moins de succès. Vitali Klitschko, champion du monde des lourds, a été une des figures de proue du mouvement proeuropéen dont l’épicentre en 2013-2014 était la place Maïdan à Kiev, ville dont il est actuellement le maire. Au Nicaragua, le trois fois champion du monde Alexis Argüello fut élu maire sandiniste (socialiste) de Managua, la capitale, en 2014. Sept mois plus tard, il se suicidait dans son bureau d’une balle dans le cœur. Au Mexique, Erik Morales, surnommé «le Terrible», est député depuis 2018. Il a rencontré trois fois Manny Pacquiao sur le ring, entre 2005 et 2006, titre mondial des superplumes en jeu, avec le bilan d’une victoire pour le Mexicain et deux pour le Philippin.

Mise à jour: article republié mercredi 29 septembre avec l’annonce officielle de la retraite de Manny Pacquiao.