Face à la menace du surtourisme, «l’île des Dieux» a décidé de réagir. Les autorités locales de Bali ont commencé ce mercredi 14 février à imposer aux touristes une taxe de 150 000 roupies, soit environ 9 euros. L’objectif : «protéger la culture et l’environnement» de l’île indonésienne, a déclaré le gouverneur par intérim de Bali, Sang Made Mahendra Jaya, lors d’une cérémonie de lancement lundi.
Chaque année, des millions de visiteurs étrangers abondent sur l’île volcanique, à la recherche de vastes plages de sable fin, couchers de soleil et temples ancestraux. Un tourisme qui dope l’économie du pays, mais met aussi en péril la préservation de la région, et accroît les tensions entre visiteurs et locaux.
Les touristes indonésiens exemptés
Annoncée en juillet, la taxe devra être payée électroniquement, via le portail «Love Bali». Elle s’applique aux touristes étrangers arrivant à Bali depuis d’autres pays, mais aussi depuis d’autres régions d’Indonésie, précise un communiqué de presse. En revanche, aucun frais ne s’appliquera aux touristes indonésiens. L’argent récolté sera ensuite «utilisé pour l’environnement, la culture, et [pour] construire une infrastructure de meilleure qualité, de sorte que les voyages à Bali seront plus confortables et plus sûrs», assurait cet été l’ancien gouverneur I Wayan Koster.
Reportage
Entre janvier et novembre de l’année dernière, près de 4,8 millions de touristes ont visité Bali selon les chiffres officiels, alors que le secteur touristique de l’île, qui a beaucoup souffert de la pandémie de Covid-19 en raison de la fermeture des frontières, continue à se remettre. Destination prisée – notamment des influenceurs –, l’île et ses paysages de cartes postales sont largement partagés sur les réseaux sociaux, participant chaque jour un peu plus à l’attractivité de l’île.
Lutter contre les incivilités
Mais face au nombre croissant d’entrées, de plus en plus de locaux dénoncent les incivilités des touristes. Les autorités se sont engagées à sévir après plusieurs incidents, à l’image d’étrangers dénudés dans des temples ou des sites sacrés, qui ont choqué la population de l’île en majorité hindoue. L’année dernière, le gouvernement local a publié un guide destiné aux touristes à Bali, expliquant les comportements à éviter. Parmi les règles à suivre : porter des vêtements appropriés dans les temples, mais aussi éviter de «grimper sur les arbres sacrés» ou «d’interrompre les cérémonies».
Sur les réseaux sociaux, de nombreux Balinais ont pris les devants, lançant de vastes campagnes destinées à dénoncer et pourchasser les visiteurs irrespectueux. Mais aussi à alerter sur la menace que représente le tourisme de masse, par exemple en diffusant des images de plages recouvertes de déchets plastiques. En octobre, le gouverneur par intérim de Bali, Sang Made Mahendra Jaya a assuré que «50 à 70 % [des recettes de la taxe sur le tourisme] seront consacrés au traitement des déchets».