En 2018, le fils de la Première ministre Sheikh Hasina et conseiller du gouvernement taxait les accusations de disparitions forcées au Bangladesh de «comiques». Depuis, la pratique du kidnapping de citoyens par les forces de l’ordre n’a fait que se développer, et n’a rien d’une plaisanterie. Selon de nombreux rapports d’associations de défense des droits humains, les exécutions extrajudiciaires, presque toujours qualifiées de «mort durant une fusillade» ou «due à des tirs croisés», sont, elles aussi, de plus en plus courantes. A lui seul, le Bataillon d’action rapide (RAB), sinistre unité d’élite paramilitaire créée en 2004, serait responsable de plusieurs centaines d’exécutions sommaires ces trois dernières années, effectuées notamment sous le prétexte de la «lutte antidrogue».
«Tirs croisés» et «fusillades»
En mars 2021, un mois après la mort en détention de l’écrivain Mushtaq Ahmed, Michelle Bachelet, haute‑commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, avait réclamé une enquête transparente sur la mort de l’intellectuel qui avait publiquement critiqué la réponse du gouvernement bangladais au Covid-19. Elle précisait alors que «les allégations de torture et de mauvais traitements par le Bataillon d’action rapide sont une préoccupation de longue date» et qual