«J’ai hâte de rentrer à la maison». Juste avant d’embarquer à bord de son avion, sur le tarmac de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle, l’économiste bangladais, Muhammad Yunus, s’est montré confiant à l’idée d’aider son pays à «sortir de ses problèmes». «J’ai hâte de […] voir ce qu’il s’y passe et comment nous pouvons nous organiser», a-t-il sobrement déclaré aux journalistes présents sur place. Le prix Nobel de la paix, désigné par les étudiants, la présidence et l’armée comme le nouveau dirigeant d’un gouvernement intérimaire, fera escale à Dubaï avant d’arriver définitivement au Bangladesh.
Profil
«Tirons le meilleur parti de notre nouvelle victoire, ne la laissons pas s’échapper», a affirmé Muhammad Yunus à Reuters ce mercredi depuis Paris, où il était venu pour une intervention médicale mineure selon son porte-parole, et en mission de conseil auprès des organisateurs des Jeux Olympiques selon d’autres sources. Il a adressé ses félicitations aux «courageux étudiants qui ont rendu possible» cet événement, et a lancé un «appel au calme» et à l’arrêt de toute forme de violence.
Au même moment, le chef de l’armée bangladaise, le général Waker-Uz-Zaman, a annoncé que ce nouveau gouvernement intérimaire pourrait prêter serment au Bangladesh dès jeudi soir (15 heures à Paris), après l’arrivée de Muhammad Yunus. «Nous faisons de notre mieux pour organiser la cérémonie de prestation de serment demain», a-t-il déclaré au cours d’un point de presse télévisé. «Nous pourrions le faire vers 20 heures», a-t-il ajouté. Et d’affirmer : «Je suis certain qu’il sera capable de nous mener vers un beau processus démocratique dont nous tirerons les bénéfices».
Condamnation annulée
Autre avancée positive pour le pays, le nouveau chef de la police a promis ce mercredi de mener une enquête «impartiale» après la mort de centaines de personnes lors des manifestations étudiantes, et a présenté ses excuses. «Nous nous engageons à mener une enquête juste et impartiale sur chaque meurtre récent d’étudiants, de simples citoyens et de policiers», a déclaré à la presse Mainul Islam, au lendemain de sa nomination. Pendant plusieurs semaines, des jeunes manifestants ont réclamé dans la rue la suppression définitive de vieux quotas d’emploi discriminatoires pour l’embauche de fonctionnaires, avant de progressivement dénoncer l’ensemble du système politique du pays et notamment l’autoritaire Première ministre Sheikh Hasina, qui a fini par fuir le Bangladesh.
Pour s’assurer que rien ne vienne entraver cette potentielle sortie de crise, un tribunal du Bangladesh a annulé, ce mercredi, une condamnation de Muhammad Yunus dans une affaire liée à des violations du droit du travail. L’économiste était en liberté, sous caution, après avoir été condamné en janvier à une peine de six mois d’emprisonnement pour ne pas avoir créé un fonds de prévoyance pour les employés de Grameen Telecom, une société qu’il a fondée. De l’histoire ancienne lorsque l’avenir démocratique du pays est en jeu.