Au détour d’un sentier paisible qui longe un affluent de la rivière Salween, dans le nord de l’Etat Karen en Birmanie, trois véhicules pick-up arrivent en vrombissant et se garent près d’une maison déserte, protégée par une barrière. Sur l’un d’eux est inscrit en lettres rouges le mot «Révolution». Une vingtaine d’hommes en armes en descendent. Ils sont très jeunes – autour de 25 ans en moyenne – et portent sur leurs casquettes camouflage un drapeau rouge orné d’une étoile jaune dans le coin supérieur gauche : l’insigne des PDF, Forces de défense du peuple. Des petits groupes de combattants composés de jeunes issus pour la plupart de l’ethnie majoritaire Bamar, venus de Rangoun et des autres grandes villes du pays pour se battre sous le commandement de l’Armée ethnique Karen (KNLA), dans l’est de la Birmanie. Ils seraient au moins 3 000 dans l’Etat Karen.
Kyaw A. était étudiant de géologie en première année à l’université de Rangoun-Est. Quand les militaires ont pris le pouvoir il y a tout juste deux ans, il a rapidement pris le chemin de la jungle, à 19 ans, pour aller se battre, contre l’avis de ses parents. Mais au cours des premiers mois il s’est d’abord heurté, comme tous, au manque de ressources des armées ethniques : «On n’avait pas d’uniforme, pas d’armes et à peine de quoi mange