En quelques semaines, la Birmanie a basculé dans le cauchemar pandémique. Les chiffres officiels, 7 000 nouvelles contaminations et près de 300 morts par jour, sont loin de refléter la réalité de la crise. Les témoignages sur place font état d’une véritable hécatombe. «Cette semaine, j’ai perdu deux de mes cousines les plus proches, rapporte Min Zin, un politologue exilé à Chiang Mai, en Thaïlande. Et quatorze de mes étudiants, des jeunes de 20 ans, sont malades. Dans les grandes villes il n’y a plus personne qui ne soit pas directement touché.» Des cadavres sont transportés en mobylette, faute de camionnettes disponibles, les cimetières et crématoriums de Rangoun sont débordés. Selon des estimations d’experts birmans citées par le journal Asia Times, 50 % de la population aura contracté le virus dans les trois prochaines semaines. Le désastre humanitaire en cours est qualifié de «tournant historique» par l’ambassadeur de France en Birmanie Christian Lechervy. «Ce n’est pas une crise comme une autre dans un pays qui en a connu beaucoup, estime-t-il. C’est une crise qui fait disparaître l’avenir.»
«Guerre contre le virus»
Alors que toute la région Asie du Sud-Est suffoque sous la déferlante du variant delta – l’Indonésie compte près de 60 000 contaminations par jour, la Thaïlande ramasse des