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Libération
Reportage

Birmanie : Rangoun dans les limbes de la répression

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Deux ans après le coup d’Etat du général Min Aung Hlaing, les habitants de la capitale économique se démènent avec la vie chère, la quête des disparus, le soutien à la résistance et les tensions du recensement avant les élections.
Devant la prison de Rangoun, où des Birmans attendent la libération de membres de leur famille, le 4 janvier. (AFP)
par Juliette Verlin, Correspondante à Rangoun
publié le 31 janvier 2023 à 18h43

Au volant de son taxi, Htet Aung (1) passe une main dans ses cheveux gominés et peste : «Et maintenant, les militaires veulent organiser des élections.» Début janvier, le père de famille a, comme tout le monde, reçu la visite de représentants de l’administration locale à son domicile. Officiellement, l’objectif est de mettre à jour les listes d’électeurs en vue d’élections nationales qui devraient être organisées avant le 1er août. Si Yellow (1), autoentrepreneur souriant de 33 ans, ne prend pas au sérieux ce recensement fait parfois à la va-vite, ses amis lui racontent des histoires différentes, surtout lorsque les administrateurs sont accompagnés de militaires. «Certains refusent de les laisser pénétrer chez eux, alors les soldats défoncent la porte et entrent.» Deux ans après le coup d’Etat, le recensement est également l’occasion pour des administrateurs zélés d’identifier les familles hébergeant des activistes, ou les fonctionnaires en grève contre la junte, qui risquent trois ans de prison s’ils sont découverts.

Le State Administration Council – ou SAC, nom officiel de la junte – a promis des élections, qualifiées par les militaires de «justes et équitables», dans une Birmanie au «véritable système démocratique multipartite à la discipline florissante». Mais dans un pays en