Lorsque Jasmine (1) a appris la fermeture des plus grands clubs de nuit de Rangoun, le 3 juillet, elle en a immédiatement parlé à son compagnon. Sur la liste noire dressée par la junte, de nombreux points chauds de la vie nocturne de la ville : Vuvuzela, Transporter, Domino, Honey Nest… Mais le jeune couple de clubbers occasionnels est resté dubitatif. «Les fêtards vont juste se déplacer vers d’autres endroits jusqu’à ce que ça rouvre», explique la jeune femme.
Après avoir brûlé l’équivalent de 446 millions de dollars de drogues saisies, pour marquer la Journée internationale contre l’abus et le trafic illicite de drogues le 26 juin, la junte a admis avoir échoué à freiner l’explosion de la production et de la consommation locales depuis sa prise de pouvoir en 2021. Aujourd’hui, la Birmanie est le deuxième pays producteur d’opium après l’Afghanistan, et les drogues de synthèse comme la méthamphétamine, plus rentables, sont désormais produites en plus grande quantité que l’opium. Les deux pays produisent la majorité de l’héroïne vendue dans le monde. Et depuis le coup d’Etat, ces drogues inondent les clubs des grandes villes du pays.
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Comme Jasmine l’avait prédit, trois jours après l’annonce de la fermeture, la plupart des clubs annonçaient leur réouverture, à grand renfort de publicités couleur néon et de photomontages de DJ au style affirmé. L’interdiction n’aura pas duré. A Rangoun, c’était devenu un secret de Polichinelle : dans des clubs où n’importe qui peut entrer