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Libération
Reportage

Cannabis en Thaïlande : la descente après l’euphorie verte

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Trois ans après la dépénalisation de l’usage récréatif du cannabis, une première en Asie du Sud-Est, le pays a décidé de faire machine arrière. Les professionnels du secteur peinent à voir clair dans ces va-et-vient législatifs et s’inquiètent pour le futur de leur activité.
Dans un magasin de cannabis de Bangkok, en 2024. (Valeria Mongelli /Hans Lucas / AFP)
par Juliette Chaignon, correspondante à Bangkok et Guillaume Gosalbes, correspondant à Bangkok
publié le 2 août 2025 à 13h07

Au volant de son imposant 4×4 de marque chinoise, Aeon avance sur les routes verdoyantes de Chiang Dao, au milieu des rizières et des champs de maïs. Cette ancienne comptable a choisi une autre agriculture : «Il y a trois ans, une amie m’a conseillé de me lancer dans la production de cannabis. Elle m’a dit qu’il y avait un marché à attraper, grâce à la légalisation», raconte l’entrepreneuse d’une trentaine d’années, montre dorée au poignet. «Au départ, je n’y connaissais rien, je ne fumais même pas», raconte celle qui a dépensé plus de 5 000 euros en formation avant de se lancer. Il y a trois ans, en juin 2022, la Thaïlande est devenue le premier pays d’Asie du Sud-Est à retirer le cannabis de la liste des stupéfiants, permettant de facto la culture et la vente libre des fleurs de cannabis, quel qu’en soit l’usage.

Des milliers d’entrepreneurs, étrangers et thaïlandais ont misé sur cet eldorado vert, une aubaine après les difficultés de la pandémie de Covid-19. En trois ans, près de 11 000 boutiques à cannabis ont fleuri, notamment à Bangkok, Phuket ou Krabi. Presque tous les clients sont étrangers, touriste