Le président Xi Jinping a annoncé samedi 22 octobre la clôture du 20e congrès du Parti communiste chinois (PCC), après une semaine de délibérations à huis clos pour remanier l’équipe dirigeante de la deuxième économie mondiale. «Osez vous battre pour la victoire», a lancé d’un air triomphal Xi Jinping à l’issue de la cérémonie au Palais du peuple, un bâtiment de style soviétique à la décoration intérieure dominée de rouge. L’autocrate sera vraisemblablement reconduit dimanche au poste de secrétaire général, ce qui ouvrira la voie à un troisième mandat présidentiel inédit en mars prochain.
Ce congrès, le 20e depuis la création du PCC en 1921, s’est tenu dans un contexte délicat pour la Chine, confrontée à un ralentissement de sa croissance en raison de confinements à répétition et de tensions diplomatiques avec l’Occident. Depuis une semaine, quelque 2 300 délégués choisis par les différentes instances du Parti étaient réunis, avec pour mission de remanier l’équipe dirigeante du parti, et donc de la deuxième économie mondiale, et de tracer les futures orientations du pays.
Le «rôle central» de Xi Jinping.
Selon une résolution adoptée à l’unanimité, samedi 22 octobre peu avant la clôture du congrès, les près de 97 millions de membres du parti devront «défendre le rôle central du camarade Xi Jinping au sein du Comité central du Parti et du Parti dans son ensemble». Cette procédure doit permettre à l’homme fort de Pékin de décrocher en mars prochain un troisième mandat présidentiel inédit de cinq ans.
«Ce troisième mandat mettra fin à trois décennies de transition (encadrée) du pouvoir» en Chine, relève Neil Thomas, analyste du cabinet Eurasia Group. Pour se maintenir au pouvoir, Xi Jinping avait ainsi fait supprimer de la Constitution en 2018 la limite de deux mandats. Agé de 69 ans, il peut donc en théorie présider à vie la République populaire. Chef du Parti, chef des armées, chef de l’Etat… le dirigeant avait plaidé pour la continuité de ses politiques lors d’un discours à l’ouverture du congrès. La stratégie «zéro Covid» devrait ainsi se poursuivre malgré ses conséquences néfastes sur l’économie et l’exaspération grandissante de la population face aux confinements.
Refus de l’indépendance de Taïwan
Loin de la diplomatie prudente de ses prédécesseurs, Xi Jinping devrait encore davantage faire entendre la voix de la Chine. Quitte à accroître les tensions avec le grand rival américain, en particulier autour de la question de Taïwan. Le Parti communiste chinois a ainsi décidé d’inclure pour la première fois dans sa charte une mention sur l’opposition de Pékin à l’indépendance de l’île de 23 millions d’habitants. Le congrès «accepte d’inclure dans la charte du parti des déclarations sur […] l’opposition résolue et la dissuasion des séparatistes qui cherchent à obtenir l’indépendance de Taïwan», indique la résolution.
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Composition du nouveau Comité central
La composition du nouveau Comité central, sorte de «parlement» interne au parti a été dévoilée ce samedi. Quatre pointures du PCC, dont l’actuel Premier ministre Li Keqiang, qui quittera ses fonctions en mars prochain, ne figurent plus sur la liste publiée par l’agence officielle Chine nouvelle.
Le numéro trois chinois Li Zhanshu, le vice-Premier ministre Han Zheng et Wang Yang, le président de la Conférence consultative politique du peuple chinois, une assemblée sans pouvoir de décision, tirent également leur révérence. Considéré comme l’une des voix les plus libérales du Parti, Wang Yang était l’un des favoris au poste de prochain Premier ministre.
Selon des calculs de l’AFP, ce nouveau Comité central est remanié à 65 % par rapport à la précédente mouture de 2017. Ce groupe de 205 personnes (dont seulement 11 femmes) doit se réunir dimanche pour la première fois. Il désignera les 25 membres de l’instance de décision du PCC (le Bureau politique) ainsi que son Comité permanent.
Cet organe tout-puissant de sept membres actuellement détient la réalité du pouvoir en Chine. Le nouveau comité permanent, largement remanié, sera composé «en majorité de personnalités loyales à Xi Jinping», subodore Nis Grünberg, de l’Institut Mercator d’études chinoises (Merics) à Berlin. Nombre de sinologues estiment qu’aucun successeur potentiel ne devrait émerger.
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L’ex président Hu Jintao escorté vers la sortie
Durant une cérémonie pourtant très chorégraphiée, l’ancien président Hu Jintao, apparu affaibli pendant le congrès, a pour sa part été escorté vers la sortie, ont constaté des journalistes de l’AFP. Visiblement contre son gré, l’homme de 79 ans, qui a présidé la Chine de 2003 à 2013, a été incité par des employés à se lever de son siège, situé à côté de Xi Jinping. Cette scène très inhabituelle n’a été dans un premier temps ni expliquée ni rapportée par les médias d’Etat. Dans la soirée, l’un deux a affirmé que Hu Jintao avait été fermement exfiltré car il «ne se sentait pas bien».