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Purge

Chine : neuf responsables de l’armée exclus du Parlement, Xi Jinping poursuit son remaniement militaire

Plusieurs mois après changer la direction de la branche stratégique en charge des missiles, Pékin a annoncé vendredi soir, sans plus d’explication, l’exclusion du Parlement de plusieurs généraux. Dans la foulée, Dong Jun est devenu le nouveau ministre de la Défense.
Xi Jinping, à Pékin, le 12 décembre. (Yao Dawei/AP)
publié le 30 décembre 2023 à 9h17

La purge militaire se poursuit. La Chine a exclu de son Parlement neuf responsables militaires, dont quatre généraux de l’unité chargée des missiles stratégiques, lors d’un vaste remaniement qui intervient dans la foulée de la nomination vendredi d’un nouveau ministre de la Défense. La décision, qui a été annoncée tard vendredi par l’agence officielle Chine nouvelle après une session du Comité central du Parti communiste chinois au pouvoir, n’a pas été expliquée par les autorités à ce stade.

Les hauts échelons de l’armée chinoise apparaissent en pleine restructuration depuis la disparition de l’espace public fin août de Li Shangfu, nommé ministre de la Défense en mars, puis son limogeage formel en octobre. C’est finalement Dong Jun qui a été désigné vendredi nouveau ministre de la Défense, mettant fin à des mois de vacance à ce poste stratégique. Dès juillet, les autorités avaient annoncé doter Force des missiles de l’Armée populaire de libération, l’unité chargée des missiles stratégiques, notamment nucléaires, d’une nouvelle direction. Des médias avaient alors fait état d’une enquête pour corruption impliquant son ancien chef.

Les neuf responsables exclus vendredi de l’Assemblée populaire nationale, le Parlement chinois, y siégeaient à titre de représentants non-élus. Leur renvoi «suggère que [les personnes révoquées] font l’objet d’une enquête et confirme certaines rumeurs qui circulent à ce sujet», estime le cabinet américain SinoInsider, spécialisé dans la politique chinoise. Pour l’analyste Lyle Morris, du cercle de réflexion américain Asia Society, il y avait un «lien entre ces officiers et Li Shangfu».

«Le remaniement de l’armée par Xi Jinping a atteint son apogée»

Selon Bloomberg, cinq d’entre eux provenaient de la Force des missiles, la branche stratégique de l’Armée populaire de libération (APL) chargée entre autres de l’arsenal balistique nucléaire que Xi Jinping en personne a créée, deux mois après que le commandement suprême de cette organisation a été viré par le président chinois. Au moins deux des neuf responsables mis sur la touche provenaient, eux, du Département de développement des équipements, contre lequel a été ouverte cet été une enquête de corruption sur des achats de matériel remontant à 2017, département que dirigeait alors Li Shangfu.

Ding Laihang, un ancien commandant de l’armée de l’air, a également été évincé vendredi, tandis que la neuvième personne faisait partie de la marine. Le nouveau titulaire du portefeuille, Dong Jun, était d’ailleurs jusqu’à présent le commandant de la marine, un poste qu’il occupait depuis août 2021. La purge de 12 délégués du corps législatif et de l’organe consultatif politique en l’espace de trois jours suggère que «le remaniement de l’armée par Xi a atteint son apogée», assure des analystes d’Eurasia Group, dont Mingda Qiu, dans une note, citée par Bloomberg, même si à leurs yeux «les enquêtes se poursuivent probablement à des niveaux inférieurs, ainsi que dans d’autres départements».