Le déclic s’est produit en janvier. Après des années «en quête d’identité», des échanges avec des personnes nées elles aussi au Vietnam, des recherches sur les autres rescapés du crash d’avion auquel il a survécu, le 4 avril 1975 au départ de Saigon, Benoît Thorel a franchi le pas. Il a repris un long voyage dans le temps, sur les traces de son passé et dans l’ombre de la guerre du Vietnam qui s’est achevée il y a juste cinquante ans : il a réalisé un test ADN pour «remettre des pieds sur des racines», comme il le dit dans une formule pleine de sens.
La curiosité était plus forte que tout. Elle était devenue le moteur de sa mobilisation, surtout face à la solitude. Manager dans l’hébergement et l’accueil de luxe, Benoît Thorel venait de perdre sa mère adoptive. Il s’est retrouvé dans un «néant total, face à un grand vide», explique-t-il, encore ému de ce départ. Devant sa tasse de café, il raconte pêle-mêle l’errance et la différence, le «manque d’attention et d’affection» et ce curieux «sentiment de libération» quand l’enfant unique, adopté il y a c