Il est rare que le climat sorte gagnant d’une négociation internationale ces derniers temps. Et pourtant. Dans l’incapacité d’avancer sur les questions commerciales et de rapprocher leurs positions sur la guerre en Ukraine, c’est bien sur la lutte contre le changement climatique que Pékin et Bruxelles ont topé jeudi 24 juillet.
Dans un communiqué conjoint publié en marge d’un sommet entre les dirigeants européens et chinois à Pékin, il est question même «d’accélérer une action rapide à grande échelle et à tous les niveaux» sur ce dossier. Les deux parties souhaitent également renforcer leur coopération bilatérale dans des domaines tels que «la transition énergétique, l’adaptation, la gestion et le contrôle des émissions de méthane, les marchés du carbone ainsi que les technologies vertes et bas carbone», précise le document.
Bruxelles et Pékin souhaitent également accélérer le déploiement mondial des énergies renouvelables et faciliter l’accès aux technologies vertes – la Chine en est un producteur majeur, des véhicules électriques aux panneaux solaires.
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Le réchauffement climatique est historiquement un domaine de convergence entre l’UE et la Chine, qui affichent des ambitions connexes. L’UE vise la neutralité carbone d’ici 2050, tandis que la Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, s’est engagée à atteindre cet objectif avant 2060. Mais la relation entre les deux puissances s’est tendue en raison de divergences grandissantes sur d’autres dossiers, au premier rang desquelles l’offensive russe contre l’Ukraine.
«Passer à la pratique»
Cette déclaration conjointe «envoie un signal important : la coopération climatique peut encore surpasser les tensions géopolitiques», estime dans une note David Waskow, du groupe de réflexion World Resources Institute. Une prise d’initiative plus marquée de la part des deux plus gros émetteurs est cruciale pour raviver l’élan mondial après le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris, ajoute-t-il. Mais les deux parties doivent désormais «passer à la pratique», estime de son côté Yao Zhe, experte chez Greenpeace.
Rien n’est pour autant gagné entre les deux blocs. Un haut responsable européen avait déclaré au Financial Times début juillet que Bruxelles ne signerait pas de déclaration conjointe sur le climat avec Pékin sans objectifs plus ambitieux de réduction des émissions. En retour, un éditorial du journal étatique China Daily avait accusé l’UE d’utiliser la «carte climatique» pour forcer la Chine à changer sa position sur la guerre en Ukraine – Pékin, qui se présente comme neutre dans le conflit, est un allié économique et géopolitique clé de Moscou. Apparemment, des deux côtés, il était important que le sommet ne se termine pas sans un peu de concret.