Enième rebondissement dans la crise politique qui s’éternise en Corée du Sud. Le chef du service de sécurité du président déchu Yoon Suk-yeol, dont l’équipe a empêché l’arrestation il y a une semaine, a démissionné ce vendredi 10 janvier, a annoncé le bureau du chef de l’Etat par intérim. Park Chong-jun a présenté sa démission ce vendredi matin «alors qu’il prenait part à un interrogatoire policier», a affirmé un responsable du service de sécurité présidentiel (PSS).
Le 3 janvier, les gardes du corps de Yoon Suk-yeol avaient formé une chaîne humaine pour bloquer l’accès aux procureurs du Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) et aux policiers, venus se saisir de l’ancien président dans sa résidence de Séoul, où il est retranché depuis des semaines.
Nouveau mandat d’arrêt
Depuis cette arrestation manquée, le chef du PSS a ignoré à deux reprises les convocations de la police, qui souhaitait l’interroger sur des allégations d’obstruction. La police l’a menacé d’un mandat d’arrêt s’il ne se présentait pas à l’interrogatoire ce vendredi.
De leur côté, la police et les enquêteurs s’apprêtent à tenter une nouvelle fois d’arrêter Yoon Suk-yeol grâce à un nouveau mandat d’arrêt obtenu mardi. Le CIO a dit s’y préparer «minutieusement», et la police a organisé ce vendredi une réunion de préparation, selon l’agence de presse Yonhap. «En aucun cas il ne doit y avoir d’affrontements physiques ou d’effusion de sang», a appelé ce vendredi Park Chong-jun face à la presse.
Reportage
Le président déchu refuse d’être interrogé sur sa tentative manquée d’imposer la loi martiale le 3 décembre, qui a plongé la Corée du Sud dans une grave crise politique et lui vaut d’être sous le coup d’une enquête pour «rébellion», un crime passible de la peine de mort.
Mardi, le CIO a obtenu un nouveau mandat d’arrêt à l’encontre de Yoon Suk-yeol après l’expiration la veille d’un premier mandat de sept jours. Ses avocats soutiennent que le mandat d’arrêt est «invalide et illégal», et contestent la compétence du CIO pour enquêter sur cette affaire. Ils ont affirmé que leur client n’obtempérerait pas plus au second mandat d’arrêt qu’au premier.
De l’autre côté, les détracteurs du dirigeant de droite, élu en 2022, s’impatientent et manifestent aussi régulièrement pour exiger son arrestation. L’ex-procureur vedette de 64 ans reste officiellement le président du pays, et n’est que suspendu en attendant que la Cour constitutionnelle valide ou non sa destitution, votée le 14 décembre par l’Assemblée nationale.
Analyse
La Cour a fixé à mardi le début du procès en destitution, qui se déroulera même si le principal intéressé ne se présente pas. La Cour a 180 jours – depuis le 14 décembre – pour décider de démettre définitivement Yoon Suk-yeol ou de le rétablir dans ses fonctions de président. Si les enquêteurs réussissent à exécuter leur mandat d’arrêt, Yoon Suk-yeol deviendra le premier président sud-coréen en exercice à être arrêté.
La garde rapprochée de l’ancien président a renforcé la sécurité dans son complexe résidentiel du quartier chic de Hannam en installant des barbelés et des barrages de bus devant la grille d’entrée. Depuis le 31 décembre, des centaines de ses partisans manifestent jour et nuit à proximité de sa résidence, bravant des températures glaciales.
Soutien grandissant au président déchu
Les avocats de Yoon Suk-yeol ont déclaré ce vendredi que des gardes «restent en alerte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7» en vue d’une nouvelle tentative d’arrestation, et ce «en dépit d’une pression et d’un stress immenses». Ils ont également affirmé plus tôt que le président déchu se trouvait toujours à l’intérieur de sa résidence et qu’il pourrait comparaître au procès devant la Cour constitutionnelle.
Les sondages montrent que le taux d’approbation du Parti du pouvoir au peuple (PPP) de Yoon Suk-yeol augmente au fur et à mesure que la crise s’éternise. Selon un nouveau sondage Gallup publié vendredi, la cote d’approbation du PPP est passée de 24 % il y a trois semaines à 34 %, tandis que celle de l’opposition a chuté de 48 % à 36 %.