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Discrimination

Covid-19 : à Singapour, l’interminable confinement des travailleurs étrangers

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Alors que les Singapouriens peuvent recirculer librement, plus de 300 000 ouvriers étrangers sont confinés depuis dix-neuf mois. Et ce alors que 97% d’entre eux sont entièrement vaccinés.
Des travailleurs migrants font la queue à l'entrée d'un centre de test le 9 octobre à Singapour. (Suhaimi Abdullah/NurPhoto via AFP)
par Gabrielle Maréchaux, (à Kuala Lumpur)
publié le 30 octobre 2021 à 15h57

C’est une prouesse statistique et sanitaire unanimement reconnue. Singapour sait bien compter le nombre d’infections quotidiennes au Covid-19, tracer les cas contacts, les isoler, les surveiller. Un rapport de juin 2021 du Sénat français présentait ainsi ce pays comme «le pionnier du contact tracing». Avant cela, dès février 2020, des chercheurs d’Harvard estimaient que sa méthode était un «étalon or» en la matière. La cité-Etat au régime semi-autoritaire sait effectivement compter. Elle sait notamment soustraire et diviser.

Voilà bientôt deux ans que les chiffres des cas quotidiens de Covid sont donnés en deux temps : ceux de la «communauté» et ceux des «dortoirs». Comprendre les citoyens et les résidents expatriés, d’un côté, et les 300 000 ouvriers étrangers, majoritairement issus du sous-continent indien, de l’autre. Une division aussi bien sémantique que spatiale. «Les travailleurs migrants sont invisibles. Leurs dortoirs sont loin des quartiers résidentiels, les habitants ne les croisent jamais, note Ethan Guo, directeur de l’ONG Transient Workers Count Too («les travailleurs de passage comptent aussi»). Si vous dites aujourd’hui à un Singapourien que