«Je ne peux même pas lui offrir des funérailles dignes.» Effondré dans son appartement de Pékin, l’homme désigne la pièce où gît le corps de son père. «Il a 83 ans, il est mort brutalement après avoir toussé toute la nuit. La fièvre était trop forte. Je n’ai rien pu faire, je n’avais pas de médicament et quand j’ai appelé l’ambulance on m’a dit de patienter, que les services d’urgence étaient saturés.» Le visage grave, il montre la porte qu’il garde fermée. «Ce n’est rien à côté de ce que m’ont dit les pompes funèbres. Ils n’ont personne pour venir chercher son corps avant au moins une semaine. Une semaine ! Je vais devoir garder la dépouille de mon père chez moi pendant une semaine ! Dans quel monde vivons-nous ?»
Editorial
Les crématoriums de Pékin sont débordés. Le funérarium de Babaoshan, dans l’ouest de la ville, fonctionne à pleine capacité, incinérant environ 600 corps par jour, contre une moyenne de 150 avant l’assouplissement des mesures de lutte contre le Covid, il y a trois semaines. Devant le salon funéraire de Dongjiao, dans l’est de la capitale, des dizaines de corbillards font la queue pendant des heures en attendant de déposer les dépouilles. «Ça peut prendre toute la journée pour accéder au crématorium, glisse un chauffeur qui expl