D’immenses queues sur les trottoirs de la capitale pour acheter des bouteilles de gaz ou du lait en poudre ; des centaines de tonnes de denrées alimentaires bloquées dans les ports faute de devises pour payer les cargaisons ; des récoltes annoncées catastrophiques… Impensable il y a encore quelques semaines, le spectre d’une pénurie alimentaire flotte sur le Sri Lanka. Avec un PIB par habitant deux à trois fois plus élevé que ses voisins d’Asie du Sud et un taux d’alphabétisation proche de 100%, le petit Etat de 21 millions d’habitants est pourtant depuis un demi-siècle un des plus florissants de la région. Mais l’économie de l’île vacille sous la conjonction de vents économiques contraires, aggravés par les erreurs de gestion du clan Rajapakse, revenu au pouvoir dans les urnes en novembre 2019.
A peine élu Président, Gotabhaya Rajapakse, 72 ans, ancien secrétaire d’Etat à la Défense, s’est empressé de verrouiller le pouvoir. Son frère Mahinda, président autoritaire et népotiste durant dix ans jusqu’à sa défaite en 2015, a été nommé Premier ministre, et leur frère Chamal, ministre de l’Irrigation. Le fils de Chamal est devenu ministre d’Etat chargé de l’Agriculture, tandis que celui de Mahinda récoltait le portefeuille de la J