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Libération
Reportage

Dans l’est de la Birmanie, l’espoir ténu des combattants de la forêt

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Les soldats de l’armée Karenni rencontrés dans la forêt tropicale sont devenus les chevilles ouvrières des forces de la révolution qui tentent de chasser l’armée birmane des affaires politiques du pays, malgré le manque de moyens, de soutien et de munitions.
Les membres de la Karenni Army (KA) et des Forces de défense des nationalités karenni (KNDF) dans l’Etat karenni (Birmanie), le 7 février. (Oliver Petrie/Hans Lucas)
publié le 8 septembre 2024 à 17h54

Le bout de bois badigeonné de bleu a été clouté sur une poutre de la charpente ouverte aux vents et aux averses de la mousson. Dessus, comme pour donner un vernis officiel au baraquement, deux étoiles jaunes ont été peintes à la va-vite. Elles encadrent la seule inscription du campement : «K. Army», pour Karenni Army (KA). Malgré les apparences, l’endroit est un poste militaire de l’armée Karenni qui s’est jetée dans la bataille contre les putschistes du général Min Aung Hlaing dès le coup d’Etat de 2021. Et avec la même vigueur que celle de ces décennies de lutte pour l’indépendance de l’Etat Karenni, cette zone enclavée dans l’est de la Birmanie qui court le long de la frontière thaïlandaise.

Niché sur une crête boisée dans la forêt tropicale, le campement de la KA est rudimentaire. Il témoigne de la discrétion des lieux, si ce n’est du manque de moyens. Sous un toit de feuilles tressées qui prend l’eau, une hutte sur pilotis sans porte, ni séparation. Dans le prolongement, une sorte de préau de bambou et de planches amarré à quatre troncs, où un feu consume une souche humide. Puis, des fourneaux de fortune, un abri en bois sans protection où un homme monte la garde face à deux pistes qui s’enfoncent dans la forêt. Tourné vers la lumière, un panneau solaire semble implorer le ciel d