Les images ont émergé ces dernières quarante-huit heures sur les réseaux sociaux. Au milieu de ballots et de valises, une succession de corps désarticulés, souvent enchevêtrés, parfois salement amochés, éparpillés sur des chemins de terre herbeux, à demi enfouis dans des fossés verdoyants, des eaux boueuses ou sur le rivage d’une plage. En majorité des femmes et des enfants, tous civils, pris pour cible et comme fauchés par la mort. La pluie de la mousson a fini de détremper les corps. Selon les premiers récits rapportés par des proches et des activistes établis pour la majorité au Bangladesh voisin, les faits se sont produits en périphérie de Maungdaw, l’une des principales villes de l’Etat Rakhine, dans l’ouest de la Birmanie, où vivent de nombreux musulmans rohingyas.
«Les attaques sont quotidiennes en ce moment, mais celle-ci a été énorme, massive, raconte Maung Hla Myint, un activiste établi dans les camps voisins de Cox’s Bazar au Bangladesh et qui est en contact permanent avec des amis et de la famille encore installés dans la région de Maungdaw. C’était le [lundi] 5 août, plusieurs centaines de civils ont décidé de fuir les combats dans le centre-ville car ils étaient pris entre l’armée de la junte et les combattants de l’Armée d’Arakan (AA) qui se battent lourdement depuis plusieurs mois. Ils ont gagné la rivière Naf [qui sert de frontière entre la Birmanie et le Bangladesh, ndlr] pour tenter de la traverser et rejoindre l’autre rive. C’est là que l’