Une plainte lointaine et mécanique vient troubler le murmure de la jungle. Au fond de la baie, une barge malaisienne, tractée par un remorqueur, se rapproche de la côte ouest de Nouvelle-Irlande, île satellite de Papouasie-Nouvelle-Guinée. L’embarcation vient récupérer les 5 000 troncs d’arbres abattus ces deux derniers mois par Viva Success. Cet exploitant forestier malaisien a acquis en 2012 un droit d’exploitation de quarante ans sur une centaine d’hectares de l’île, au détriment des droits fonciers des clans inscrits dans la Constitution. Depuis dix mois, le chef du village de Danu, propriétaire foncier de la baie, observe impuissant les allées et venues mensuelles du navire de charge qui ne paye pas le droit de passage obligatoire. Une atteinte au droit coutumier papou que le vieil homme connaît bien. Le tout pour soustraire à la Nouvelle-Irlande sa forêt primaire, la troisième du globe, en toute impunité.
L’Organisation internationale du bois exotique (OIBT) classait en 2020 la Papouasie-Nouvelle-Guinée en tête des pays exportateurs de grumes de bois tropicaux, avec 2,9 millions de mètres cubes essentiellement à destination de clients comme la Chine ou l’Union européenne. Mais la donne pourrait changer car cette dernière a scellé le 6 décembre un accord pour interdire l’importation de produits qui contribuent à la déforestation. Une première. D’autant que, selon une étude en 2017 du World Wild Fund (WWF), les 27 sont à l’origine de 16 % de la déforestation mondiale. En