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Libération
Dans le rétro

Démission de Jacinda Ardern : le mandat de la future ex-Première ministre de Nouvelle-Zélande en 5 dates

Après cinq ans au pouvoir, l’élue de centre gauche de 42 ans a annoncé jeudi sa démission prochaine. Plusieurs moments de son mandat avaient fait d’elle une dirigeante appréciée dans son pays et à l’étranger.
Jacinda Ardern avait porté un voile au moment de soutenir les victimes de l'attentat de Christchurch, le 22 mars 2019. (Marty Melville/AFP)
publié le 20 janvier 2023 à 8h18

Charismatique, populaire et dotée d’un sang-froid à toute épreuve, Jacinda Ardern a surpris en annonçant ce jeudi sa volonté de démissionner de son poste de Première ministre de la Nouvelle-Zélande. Et pourtant, sa justification détonante et courageuse – «je n’ai tout simplement plus assez d’énergie» – est à l’image de son parcours politique. Attentat le plus meurtrier du pays, éruption volcanique ou bien pandémie du Covid-19, elle a su gérer le pays sans flancher. Tout en prenant des positions sociétales fermes, malgré des derniers mois plus difficiles.

26 octobre 2017 : le record de précocité

A l’âge de 37 ans, Jacinda Ardern devient le 26 octobre 2017 la troisième femme à être désignée pour diriger la Nouvelle-Zélande, et surtout la plus jeune à occuper le poste de Première ministre. Alors présentée comme un «un astre durable de la politique néo-zélandaise» par le journal le New Zealand Herald, sa victoire n’était pourtant pas écrite d’avance. Le Parti travailliste dont elle est issue a fait face à énormément de difficultés lors de la campagne des législatives. Le leader du parti, Andrew Little, avait décidé de démissionner sept semaines du scrutin. Alors numéro 2 du parti, celle qui était députée d’Auckland a choisi de reprendre les rênes au moment où le Labour affichait sa cote de popularité la plus basse depuis vingt ans.

Lors de la campagne et pendant son mandat, Jacinda Ardern a dû faire face à nombre de critiques sur son âge ou bien son genre. Lors d’une interview donnée à télévision australienne The Project en août 2017, elle a jugé «inacceptable» d’être questionnée sur un futur choix entre avoir des enfants et sa carrière en politique. Le 30 novembre 2022, lors d’une conférence de presse commune avec Sanna Marin, la médiatique Première ministre finlandaise, elle a également rembarré un journaliste qui avait demandé si les deux jeunes femmes s’étaient «rencontrées juste parce qu’[elles avaient] le même âge». Ardern avait magistralement rétorqué : «Je me demande si quelqu’un a déjà demandé à Barack Obama et John Key [ancien ministre de la Nouvelle-Zélande, ndlr] s’ils se sont rencontrés parce qu’ils avaient le même âge.»

19 janvier 2018 : l’annonce de la grossesse

Seulement trois mois après être devenue Première ministre, Jacinda Ardern annonce le 19 janvier 2018 être enceinte. «Je serai Première ministre et maman», assure-t-elle devant les caméras. C’est seulement la deuxième dirigeante d’un pays à accoucher lors de son mandat, après la Pakistanaise, Benazir Bhutto, qui avait donné naissance à sa fille en 1990.

L’annonce de sa grossesse est aussi l’occasion pour elle de parler des droits des femmes sur le sujet, et elle prend six semaines de congé après son accouchement. Ardern reprend ses fonctions le 2 août 2018 et provoque la surprise générale en amenant sa fille de seulement trois mois à la tribune des Nations unies le mois suivant.

15 mars 2019 : l’attaque de la mosquée

C’est le pire attentat jamais perpétré sur le sol néo-zélandais. Le 15 mars 2019, Brenton Tarrant, un suprémaciste blanc, ouvre le feu dans deux mosquées de Christchurch lors de la prière du vendredi. 51 personnes sont tuées, 49 blessées dans ce qui est l’attaque la plus meurtrière jamais commise envers la communauté musulmane dans un pays occidental.

Un foulard sur la tête, Jacinda Ardern réconforte les familles des victimes après la fusillade. Une attitude saluée mondialement et qui l’a fait connaître. Plus tard, elle a expliqué que ce geste était spontané et un signe de respect envers les musulmans. Elle a également été applaudie pour avoir rapidement fait adopter des réformes en matière de lois sur les armes à feu en interdisant les fusils d’assaut et poussé les réseaux sociaux à lutter contre les discours de haine en ligne.

Neuf mois plus tard, la Première ministre avait aussi réconforté de manière exemplaire sa nation choquée par l’éruption volcanique de White Island, qui avait fait 22 morts et une cinquantaine de blessés.

18 mars 2020 : l’avortement décriminalisé

Si les femmes qui souhaitent avorter «disent la vérité, alors techniquement, sous nos lois, ce sont des criminelles», s’insurgeait la Première ministre devant le Parlement néo-zélandais en août 2019. A quelques rares exceptions – inceste, «anomalie» mentale ou fœtale, risque pour la santé physique ou mentale de la mère –, l’IVG était interdit dans le pays. L’avortement était passible de quatorze ans de prison, bien que la loi datant de 1961 n’ayant jamais été appliquée.

Le 18 mars 2020, Jacinda Ardern obtient sa victoire : le Parlement vote l’autorisation d’avorter, jusqu’à la vingtième semaine de grossesse. Un an plus tard, une nouvelle législation vient donner le droit aux femmes et à leur conjoint à un congé spécial de trois jours en cas de fausse couche.

28 janvier 2021 : la gestion exemplaire du Covid

Parmi ses nombreuses réussites, Jacinda Ardern peut citer sa gestion de la pandémie, avec la mise en place d’une politique «zéro Covid» et efficace. Le 28 janvier 2021, une étude de l’Institut Lowy de Sydney, qui a évalué les politiques sanitaires d’une centaine de pays, juge que la Nouvelle-Zélande est celui qui s’est le mieux défendu face au virus.

Dès l’apparition du virus sur le territoire en mars 2020, elle avait pris la décision de fermer les frontières aux voyageurs arrivant de l’étranger et avait mis en place des mesures sanitaires strictes, avec des confinements locaux à répétition. Malgré d’inévitables pics épidémiques, Ardern a peu à peu relâché la pression sanitaire, jusqu’à rouvrir totalement les frontières de la Nouvelle-Zélande en août 2022. Au total, le pays de près de 5 millions d’habitants a enregistré 2 437 morts à cause de cette pandémie, soit l’un des taux de mortalité lié au Covid-19 les plus bas du monde.