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Libération
50 ans, 50 combats

Des premières répressions au génocide en cours, «Libé» avec les Ouïghours

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La répression des Ouïghours en Chinedossier
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Présente dès 1984 dans les colonnes du journal, la population du Xinjiang, longtemps oubliée par la communauté internationale, a toujours fait l’objet de reportages. Jusqu’aux récents témoignages publiés dans nos colonnes racontant la violence inouïe de Pékin.
La une de «Libé» du 6 septembre 2019.
publié le 3 novembre 2023 à 0h01

«Dans la station de bus d’Aksu, un groupe de femmes ouïghoures est assis par terre ; elles jouent aux cartes en fumant du haschich‚ avec leur fichu noué derrière la tête, leurs longues robes à volants et leurs bas de coton.» Le 16 octobre 1984, le peuple ouïghour fait son entrée dans les pages de Libé, sur deux pages titrées «Kashgar, oasis d’islam dans le far west chinois». Leur auteur, Philippe Grangereau, étudie alors à l’université du Shandong, à 3 500 km du Xinjiang. «Je rêvais d’être interprète et photographe, et je suis parti faire des photos à Kashgar en me faisant passer pour un Ouïghour. La région était fermée depuis 1949, la ville était comme hors du temps, la présence chinoise presque invisible.» Rentré en France, l’étudiant vient présenter ses photos à Libé, et panique un peu quand on lui demande un texte pour les accompagner. «C’était le premier article publié en France sur Kashgar, se souvient-il. A partir de là, Libé a été un des rares médias à suivre de très près la région ouïghoure.»

En avril 1990, devenu correspondant du journal à Pékin, Philippe Grangereau tombe, en feuillettant la presse d’Etat, sur un titre claironnant que «l’harmonie règne au Xinjiang». Il devine que quelque chose de grave est arrivé, et fonce à Urumqi, la capitale régionale. «Il y avait des militaires partout. Le Sud était fermé. Je suis allé à l’aéroport interroger les passagers qui en revenaient. C’est ainsi que j’ai é