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Le portrait

Dhondup Wangchen, le trouble Jeux

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Le Tibétain en exil, auteur d’un documentaire sur la répression politique et culturelle dans son pays milite pour le boycott diplomatique des JO d’hiver de Pékin.
Paris 75013, le 19 Novembre 2021. Portrait Dhondup Wangchen, militant Tibétain. (Camille McOuat/Libération)
publié le 7 janvier 2022 à 17h59

«Si les Jeux olympiques ont lieu en Chine, ils doivent défendre la liberté et la paix. Or, comme Tibétain, je n’ai ni la liberté ni la paix. C’est pour cela que je m’oppose à ces Jeux.» Ces paroles ont été enregistrées dans une région reculée du Tibet durant l’hiver 2008, juste avant les premiers Jeux olympiques d’été en Chine. Quatorze ans après, le court métrage Leaving Fear Behind ( «Surmonter la peur») n’a pas pris une ride. Mais il a valu à son réalisateur deux profonds sillons qui labourent à la verticale son beau visage.

Rien ne prédisposait Dhondup Wangchen, né en 1974 sur les hauts plateaux de l’Himalaya dans une famille tibétaine très pauvre de dix enfants, à devenir documentariste. «Dans notre région, les parents décident de tout pour les jeunes, ton métier, ton mariage. Je devais travailler aux champs, m’occuper des yacks et des ânes. Mais ça m’ennuyait, et j’étais un peu rebelle. Alors à 17 ans, j’ai décidé de partir à Lhassa. A l’époque, il n’y avait pas d’électricité, ni de moyens de communication, les chemins étaient difficiles. Aller à la capitale [située à 2 000 km, ndlr], c’était un voyage extraordinaire, presque l’accomplissement d’une vie. On partait à pied, et nos compagnons de route étaient ce qu’on avait de plus précieux, ceux qui préviendraient notre famille si l’on mourait durant le trajet.»

Lorsqu’on le rencontre à Paris, dans une salle de prière bouddhiste prêtée par une sympathisante, Dhondup Wangchen, blouse arge