Nouvelle alerte sous-marine dans la mer de Corail. Un «blanchissement massif» de la Grande Barrière de corail d’Australie est en cours à cause du réchauffement climatique ont annoncé ce vendredi 8 mars les autorités locales. La décoloration de l’animal (et du récif) traduit le dépérissement des coraux. «Nous savons que la plus grande menace qui pèse sur les récifs coralliens dans le monde est le changement climatique. La Grande Barrière de corail ne fait pas exception», a déclaré la ministre de l’Environnement australienne, Tanya Plibersek, dans un communiqué. «Nous devons agir contre le changement climatique. Nous devons protéger nos sites exceptionnels ainsi que les plantes et les animaux qui les habitent», a-t-elle poursuivi.
Le plus grand récif corallien du monde, qui s’étend sur plus de 2 300 kilomètres le long de la côte nord-est de l’Australie, abrite quelque 1 500 espèces de poissons et 4 000 types de mollusques. Ce nouvel épisode de blanchissement massif, le septième depuis 1998, a été confirmé par les scientifiques travaillant pour le gouvernement à la suite de relevés aériens effectués sur 300 récifs peu profonds. Des études supplémentaires doivent être menées pour évaluer la gravité et l’étendue du phénomène, selon l’autorité australienne en charge des récifs coralliens. Avant cet événement, la Grande Barrière de corail a subi un blanchiment massif des coraux en 1998, 2002, 2016, 2017, 2020 et 2022.
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Températures records
Ce phénomène de dépérissement (et donc de décoloration) est provoqué par une hausse de 1°C de la température de l’eau qui entraîne l’expulsion des algues dites symbiotiques donnant au corail sa couleur vive. Les températures de l’océan le long de la Grande Barrière de corail ont atteint des niveaux records au cours des dernières semaines, selon les données officielles.
D’après le responsable des océans pour WWF Australie, Richard Leck, de très nombreux coraux risquent de mourir si les températures océaniques ne baissent pas rapidement, dans les semaines à venir. «Cet épisode de blanchiment se produit dans une zone où les coraux n’ont jamais été exposés à ces températures extrêmes», a-t-il déclaré. Ce dernier explique également que le changement climatique entraîne une «pression considérable» sur la zone. Des dépérissements similaires se sont produits l’an passé dans l’hémisphère nord, rappelle Richard Leck. Un phénomène qui a entraîné des pertes «dramatiques» de coraux en Floride et dans les Caraïbes.
Des épisodes de blanchiment de plus en plus fréquents
Certains coraux peuvent se remettre si les conditions météorologiques s’améliorent, à l’exception de ceux qui ont fortement blanchi ou qui subissent des canicules à répétition. Toutefois pour Terry Hughes, l’un des plus éminents scientifiques australiens spécialisés dans les récifs coralliens, les épisodes de blanchiment sont désormais si fréquents que les récifs ont du mal à se rétablir. «Le récif n’est plus capable de retrouver le mélange d’espèces de coraux et la taille des coraux qui existaient il y a vingt ans», affirme-t-il. «L’ironie de la chose, c’est que les coraux qui prédominent aujourd’hui dans la plupart des régions de la Grande Barrière poussent rapidement et regagnent vite du terrain, mais qu’ils sont sensibles à la chaleur et supporteront moins bien les inévitables prochains épisodes de blanchissement», ajoute Hughes. Selon lui, le stress thermique a augmenté au cours des derniers jours et devrait s’aggraver ces deux prochaines semaines.
L’avenir du récif a été une source de tensions entre le gouvernement australien et l’Unesco qui, en 2021, avait menacé de le faire figurer sur une liste de sites du patrimoine mondial «en péril». Une telle inscription aurait été un camouflet pour l’Australie, car elle aurait porté un sérieux coup à l’attractivité touristique de cet ensemble qui génère 4,8 milliards de dollars de revenus. Des tractations diplomatiques en coulisses et un lobbying acharné de l’Australie ont jusqu’à présent permis d’éviter l’inscription du récif sur cette liste.