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Libération
Reportage

En Birmanie après le séisme : en zone rebelle, «c’est une catastrophe qui s’ajoute à une tragédie»

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Deux semaines après le tremblement de terre, la région de Sagaing, tenue par les insurgés pro-démocratie, est toujours privée d’aide.
A Sagaing le 3 avril 2025. (Sai Aung Main /AFP)
par Esther Lebleu, envoyée spéciale à Sagaing (Birmanie)
publié le 11 avril 2025 à 6h53

Dans le centre-ville de Sagaing, des rangées de maisons effondrées, à perte de vue. Assis dans la rue ou sur des motos, les habitants, hagards, fixent le vide. Deux semaines après le séisme, ils n’ont toujours ni eau ni électricité. Des familles campent devant leurs maisons en ruines. Certains ont peur des pillages : plusieurs ont eu lieu ces derniers jours, parfois perpétrés par des individus qui prétendent être des secouristes.

Kyo Min est juriste de profession. Sa magnifique demeure n’est plus qu’un immense tas de débris. Il contemple les ruines, où l’on aperçoit encore sous les pans de béton un mobilier traditionnel en bois sculpté, un sofa, une armoire et plusieurs éviers. Il est 11 heures du matin mais il a visiblement commencé à s’enivrer de bonne heure. «Toute ma vie est à reconstruire, soupire-t-il en titubant. Nous avons de la chance d’être en vie, avec ma femme et ma fille. Beaucoup de voisins sont morts.» Le tremblement de terre a détruit les maisons des riches comme celles des pauvres, quelques rares bicoques tiennent encore debout, sans raison appa