Les festivités ont été discrètes à Naypyidaw cette année. Loin du défilé militaire, des lanceurs de missiles et des véhicules blindés qui ont parcouru les rues de la capitale en 2023, la junte birmane a annoncé ce jeudi 4 janvier l’amnistie de plus de 9 000 prisonniers, à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance de cette ancienne colonie britannique.
Au total, «9 652 détenus des prisons et centres de détention» vont être amnistiés, a précisé le Conseil d’administration de l’Etat – le nom officiel de la junte – à travers un communiqué publié ce jeudi. Une façon selon les militaires au pouvoir de «marquer le 76e anniversaire de l’indépendance et [de] respecter la paix dans les cœurs et les esprits des gens».
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Pour l’heure, rien ne prouve que des détenus politiques puissent figurer parmi les personnes libérées. En 2023, le porte-parole du gouvernement avait déjà annoncé la grâce de plus de 7 000 prisonniers, soixante-quinze ans jour pour jour après que la Birmanie a déclaré son indépendance, au terme d’une lutte acharnée conduite en 1948 par le général Aung San, père de la dirigeante déchue Aung San Suu Kyi.
114 prisonniers étrangers
Condamnée à plus de trente ans de prison, cette dernière restera de son côté incarcérée, assure Radio Free Asia. De même que l’ex-président Win Myint, «ainsi que des membres du gouvernement de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), des législateurs, des étudiants et des militants pour la démocratie […]».
Dans un communiqué distinct, la junte a en revanche précisé que 114 prisonniers étrangers faisaient partie de la liste des amnistiés et fait savoir qu’ils seraient expulsés «pour des raisons de relations bilatérales et humanitaires», sans donner d’autre précision. Dans la capitale commerciale de Rangoun, plusieurs proches de prisonniers se sont pressés aux portes de la prison d’Insein, où des détenus doivent être libérés.
Une junte en difficulté
Une déclaration qui intervient alors que l’armée – au pouvoir depuis le coup d’Etat du 1er février 2021 – fait face à une résistance accrue de la part de l’Alliance de la fraternité dans le nord du pays. Ces dernières semaines, cette alliance armée, constituée de groupes ethniques minoritaires, a lancé de vastes offensives, renforçant son emprise sur des régions clés et infligeant des pertes humaines à la junte.
Des avancées inédites, qui témoignent des difficultés croissantes des militaires au pouvoir. Ce jeudi, un groupe ethnique armé baptisé Armée d’indépendance kachin, qui s’est joint aux opérations de l’Alliance, a encore affirmé avoir abattu un hélicoptère dans le nord du pays, tuant six soldats de la Tatmadaw qui se trouvaient à bord.