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Dictature militaire

En Birmanie, la maison effacée d’Aung San Suu Kyi

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La mise aux enchères du 54, University Avenue à Rangoun ordonnée par la Cour suprême birmane est l’occasion pour la junte d’anonymiser ce lieu emblématique et d’isoler encore plus l’opposante aujourd’hui emprisonnée.
Le prix plancher du 54, University Avenue à Rangoun a été fixé à 90 millions de dollars. (Khin Maung Win/AP)
publié le 26 janvier 2024 à 8h37

Si on a l’optimisme ou la naïveté de croire qu’elle a été prise en toute indépendance, voilà une décision de justice qui devrait ravir la junte birmane. La Cour suprême a ordonné jeudi la mise aux enchères de la villa où Aung San Suu Kyi a passé l’essentiel de ses quinze années en résidence surveillée entre 1989 et 2010, à Rangoun. Le prix plancher a été fixé à 90 millions de dollars pour une vente qui doit avoir lieu le 20 mars, entre les murs même du 54, University Avenue, dans le cœur vert et résidentiel de la capitale économique du pays. La maison la plus connue du pays pourrait devenir un lieu banal et anonyme. Ce serait une aubaine ou presque pour la clique kaki de Min Aung Hlaing.

Saga familiale

L’annonce symbolique sur ce lieu emblématique semble être le dernier épisode d’une longue saga familiale. En 2000, alors que la Lady était enfermée, son frère, Aung San Oo avec lequel elle ne partage rien, l’avait poursuivie en justice, affirmant que la maison lui appartenait. Il avait été débouté. Seize ans plus tard, un tribunal de Rangoun avait jugé