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Libération
Récit

En Birmanie, la mobilisation du secteur bancaire devient le nerf de la guerre

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Les banques sont au cœur du mouvement de désobéissance civile. Face à la paralysie de l’économie, le Conseil d’administration de l’Etat entend forcer la reprise du travail et évoque la quasi-nationalisation de certains établissements.
A Rangoun, les files d’attente s’allongent devant des distributeurs automatiques vides ou drastiquement rationnés. (STR/AFP)
par Juliette Verlin, correspondante à Rangoun
publié le 26 mars 2021 à 8h00

«Une crise du secteur bancaire… franchement, déjà avant le coup d’Etat, on était à deux doigts», raconte Aung (1), ex-employé du secteur bancaire à Rangoun. Dans son message audio, envoyé via l’application cryptée Signal, le jeune homme a demandé l’anonymat complet par peur des représailles. «Il y a beaucoup de défauts et de retards de paiement, explique-t-il. Les banques étaient déjà extrêmement sous pression de la Banque centrale, même avant le coup d’Etat, pour nettoyer ses portefeuilles et mieux sélectionner leurs emprunteurs. Donc là, évidemment, la situation n’arrange rien.»

Le secteur bancaire birman est paralysé depuis bientôt deux mois. La majorité de ses quelque 30 établissements – dont 13 banques gouvernementales ou militaires – sont fermés, les files d’attente s’allongent devant des distributeurs automatiques vides ou drastiquement rationnés, les transactions internationales sont bloquées et les entreprises en manque de liquidités se demandent comment payer leurs employés le mois prochain.

La raison est simple : les employés des banques ont été parmi les premiers à rejoindre le mouvement de désobéissance civil