Les chiffres sont encore discutés mais le drame est assuré. L’armée birmane a bombardé, lundi 6 octobre, une foule rassemblée pour la fête bouddhiste des Lumières et pour une manifestation contre la junte au pouvoir depuis 2021, faisant plus de 40 morts dont des enfants, ont affirmé une membre du comité organisateur et un témoin. Pour sa part l’ONG de défense des droits humains Amnesty International, qui évoque cette attaque dans un communiqué publié ce mardi soir, fait état, citant des témoins, de 17 à 20 tués dans cette attaque. Des dizaines de blessés seraient également à déplorer.
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Des milliers de personnes se sont rassemblées lundi soir à Chaung U (dans le centre du pays) pour cette fête qui marque la fin du carême bouddhiste. L’armée dirigée par le général Min Aung Hlaing, qui est aussi à la tête du pays, a bombardé la manifestation, notamment à l’aide d’un parapente motorisé, a déclaré une membre du comité de la commune voisine de Monywa, organisatrice du festival. Selon cette femme, qui a demandé à rester anonyme pour des raisons de sécurité, le public était rassemblé pour la fête et aussi pour manifester contre la junte au pouvoir quand aux alentours de 19 heures les bombardements ont commencé.
«Les civils en Birmanie ont besoin d’une protection urgente»
«Le comité a alerté les gens et un tiers de la foule a réussi à s’enfuir», a-t-elle ajouté. «Mais un parapente motorisé a survolé la foule», larguant deux bombes sur le centre du rassemblement. «Les gens tenaient des bougies, et la minute d’après, ils étaient par terre, en morceaux. Des enfants ont été complètement déchiquetés», a poursuivi la membre du comité, qui ne se trouvait par sur les lieux mais qui a assisté aux funérailles de victimes mardi. «Ce matin, nous étions encore en train de ramasser des morceaux de corps sur le sol, des membres, des morceaux de corps déchiquetés», a-t-elle ajouté.
Un témoin, habitant de Chaung U, a confirmé ce bilan. Selon lui, les gens ont tenté de courir lorsqu’ils ont réalisé que le parapente motorisé volait au-dessus de leur tête. «Le parapente a largué deux bombes», a-t-il soutenu, s’exprimant lui aussi sous couvert d’anonymat. Il a indiqué avoir assisté mardi aux obsèques de neuf de ses amis. Un média local a également fait état d’une quarantaine de morts.
Un porte-parole de la junte n’a pas pu être joint mardi soir pour commenter ces informations. Dans son communiqué, Amnesty estime que cette attaque nocturne «devrait servir de signal d’alarme effrayant pour montrer que les civils en Birmanie ont besoin d’une protection urgente». «La communauté internationale a peut-être oublié le conflit en Birmanie, mais l’armée birmane profite de la diminution de la surveillance pour commettre des crimes de guerre en toute impunité», écrit Joe Freeman, chercheur d’Amnesty International sur la Birmanie, dans le communiqué.