Les collines verdoyantes du Kachin, sous la douce lumière du petit matin, et le silence. L’œil de la caméra, qui filme la scène, se déplace. Sur des centaines de mètres, jusqu’à l’orée de la forêt, des bâtiments effondrés dont il ne reste que des squelettes, des toitures branlantes, des débris de bois et de pierre. Et tout autour, le silence. La vidéo, devenue virale, expose les vestiges du bombardement qui a fait au moins 50 morts et une centaine de blessés, selon un premier bilan provisoire qui pourrait, selon certaines sources, être bien plus lourd. L’attaque a eu lieu dimanche soir, lors d’un concert en plein air dans l’Etat de Kachin, à plus de 900 kilomètres de Rangoun. Les corps ont été déplacés, et sont alignés, côte à côte, enroulés dans des couvertures aux couleurs vives, parfois tachées de sang et de terre. Ici et là, des membres dénudés, des cuirs chevelus ensanglantés.
Interview
Organisé par la Kachin Independence Organization (KIO), l’un des partis politiques ethniques les plus vindicatifs du pays, le concert s’est tenu dans une base militaire, près de Hpakant, également utilisée pour l’entraînement de son bras armé, la Kachin Independence Army (KIA). Entre 300 et 500 civils, politiciens locaux, membres de la résistance armée, et artistes populaires étaient venus assister à l’événement qui célébrait le 62e anniversaire de la création de la KIO. Vers 20 heures, la fête battait son plein, lorsque plusieurs avions militaires ont survolé la zone, larguant quatre bombes sur la