Menu
Libération
Economie

En Chine la baisse des prix fait craindre une «spirale déflationniste»

Confronté à un ralentissement économique, le pays a annoncé ce jeudi 8 février que ses prix ont continué de chuter au cours du mois de janvier, faisant craindre aux experts une future «spirale déflationniste».
Un homme à la bourse de Shanghai, le 19 juin 2006. (Aly Song/REUTERS)
publié le 8 février 2024 à 17h23

C’est la chute la plus prononcée depuis 14 ans. En Chine, l’indice des prix à la consommation (CPI), principale jauge de l’inflation, a une nouvelle fois baissé. Il a reculé de 0,8 % sur un an en janvier, contre -0,3 % le mois précédent, a annoncé ce jeudi 8 février le Bureau national des statistiques (BNS).

Si des analystes sondés par l’agence Bloomberg anticipaient un repli des prix, ils ne s’attendaient pas à de tels chiffres. Une chute brutale, mais qui s’explique en partie par la «base de comparaison élevée» de l’an passé, nuance le BNS. En 2023, la Fête du Nouvel an lunaire – principale réunion familiale de l’année et période de grande consommation –, était tombée en janvier. Cette année, elle a lieu en février, faussant ainsi la comparaison.

Mais c’est loin d’être l’unique raison expliquant un tel effondrement. «Le principal frein à l’inflation reste les prix des denrées alimentaires, qui ont baissé (en janvier) de 5,9 % en glissement annuel, soit le niveau le plus bas jamais enregistré», précise Lynn Song, économiste spécialiste de la Chine à la banque ING. Pour autant, ces chiffres «ne signifient pas que la Chine est coincée dans une spirale déflationniste», assure l’économiste, soulignant que l’indice des prix à la consommation en janvier a augmenté (+0,3 %) par rapport à décembre.

Un ralentissement inquiétant

En juillet 2023, la Chine avait basculé en déflation. Une première depuis 2021. Et malgré un bref rebond en août, les prix sont depuis septembre en chute constante. Une déflation qui va à contre-courant de la situation des principales économies mondiales, notamment occidentales, qui sont en proie à l’inflation et à une baisse du pouvoir d’achat d’une partie de leurs habitants. L’an dernier, le géant asiatique avait en outre enregistré l’une de ses croissances les plus faibles depuis trois décennies, avec une augmentation de son PIB de (seulement) 5,2 % sur un an.

Si un recul des prix peut sembler être une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat, la déflation – à savoir une diminution générale et durable des prix – constitue en réalité une menace pour l’économie. Les consommateurs ont en effet tendance à reporter leurs achats dans l’espoir de nouvelles baisses et, faute de demande, les entreprises sont alors contraintes de réduire leur production et consentent à de nouvelles ristournes pour écouler leurs stocks. Cette situation, qui pèse sur leur rentabilité, peut les inciter à réduire les salaires ou leurs effectifs.

«Des mesures rapides et énergiques»

Au-delà d’une consommation atone, c’est toute l’activité du pays qui est mise à mal ces derniers mois. Crise immobilière, fort taux de chômage chez les jeunes, ralentissement économique mondial qui pèse sur la demande en biens chinois… Les difficultés économiques inquiètent au sein du pays et à l’international. Face aux risques potentiels, l’économiste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management, plaide pour «‘des mesures rapides et énergiques’afin de contrer la pression déflationniste persistante» qui frappe la Chine.

Dans le passé, Pékin a plusieurs fois annoncé des initiatives, notamment pour sauver son secteur immobilier. Mais pour l’heure, les résultats n’ont pas eu les effets escomptés. Ces derniers mois, les bourses du pays ont été parmi les moins performantes au niveau mondial. De mauvais chiffres, qui ont amené le pays à limoger, mercredi 7 février, le patron de l’instance de régulation des marchés (CSRC), Yi Huiman.