«Le samedi, j’étais vraiment triste parce que ma famille n’est pas venue me voir. Le dimanche, j’étais malheureux. Le lundi, j’étais malheureux aussi. Le mardi, j’étais content parce que j’avais du mantou [petit pain à la vapeur, ndlr] à manger. Le mercredi, j’étais très heureux car j’allais pouvoir bientôt rentrer à la maison.» Comme ce petit garçon de 4 ans, interrogé en 2018 par le chercheur chinois Guo Tingting, près d’un million d’écoliers tibétains sont séparés de leurs parents toute la semaine, et parfois durant toute l’année scolaire, car leur famille habite trop loin pour qu’ils puissent rentrer pendant le week-end ou les vacances.
Le système d’internat a toujours existé au Tibet pour permettre aux enfants des nomades et des villages isolés d’accéder à l’éducation, dans une démarche volontaire. Mais, depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, il a été imposé à 80% d’enfants en primaire et, depuis l’an dernier, à une partie des élèves de maternelle, à partir de 4 ans. «L’objectif est que les élèves de toutes les minorités ethniques étudient dans une école, vivent dans une école et grandissent dans une école» pour «réaliser la stabilité à long terme du pays», a statué en 2015 le Conseil d’Etat chinois. Le but de l’Etat-Parti est de détruire le