Au lendemain de la destitution de l’ex-président sud-coréen Yoon Suk-yeol, démis pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale début décembre, c’est au tour de la droite et de l’extrême droite de faire une démonstration de force à Séoul ce samedi 5 avril. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour protester contre la décision en scandant «destitution invalide», ou «annulez l’élection anticipée !»
Le conservateur avait plongé le pays dans une crise inédite le 3 décembre en déclarant la loi martiale. En réaction, les députés avaient rapidement voté l’annulation de l’état d’exception, avant de destituer le chef de l’Etat le 14 décembre. Au terme d’une longue procédure, les huit juges de la Cour constitutionnelle ont décidé à l’unanimité vendredi 4 avril de prononcer sa déposition, déclenchant une élection présidentielle anticipée sous soixante jours. Ce verdict avait suscité des explosions de joie devant le siège de la juridiction, parmi les opposants au président défait qui espéraient cette décision depuis quatre mois.
«Forces communistes»
Dans le camp d’en face, qui manifeste tous les week-ends depuis le début de la crise politique, les soutiens de Yoon reprennent les éléments de langage qu’il avait égrenés en décembre. L’ex-dirigeant conservateur s’était justifié en évoquant des menaces de «forces communistes nord-coréennes» et sa volonté d’«éliminer les éléments hostiles à l’Etat», avançant également, sans preuve, que de précédentes élections avaient été truquées.
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Le chef de l’opposition Lee Jae-myung, grand favori de l’élection présidentielle anticipée, est plus favorable à une politique de la main tendue avec la Corée du Nord. Dans le camp pro-Yoon, beaucoup l’accusent de conspirer avec le régime communiste de Pyongyang et estiment que la déclaration de la loi martiale était nécessaire.
La Cour constitutionnelle, elle, a jugé que ce coup de force avait représenté «une grave menace pour la stabilité de la république démocratique». Yoon Suk-yeol est par ailleurs poursuivi au pénal pour insurrection, un crime qui reste passible en Corée du Sud de la peine de mort.