Un an et demi après l’assassinat de Shinzo Abe, l’Asie voit une autre figure politique majeure être la cible d’un attentat. En déplacement à Busan, dans le sud-est de la Corée du Sud, le chef de l’opposition démocrate (centre gauche) de 59 ans, Lee Jae-myung, entouré d’une nuée de journalistes, marchait dans la ville portuaire lorsqu’un homme l’a poignardé au cou, selon des images diffusées par la télévision locale.
L’ancien candidat malheureux à l’élection présidentielle 2022 s’est alors effondré au sol tandis que plusieurs personnes se sont précipitées pour lui porter secours et couvrir sa blessure. L’homme politique «se dirigeait vers sa voiture tout en parlant aux journalistes lorsque l’assaillant lui a demandé un autographe avant de l’attaquer au niveau du cou avec ce qui semblait être un couteau», a précisé un témoin à la chaîne locale YTN.
Tandis que l’assaillant était plaqué au sol et arrêté par des policiers, Lee Jae-myung se faisait transporter vers l’hôpital universitaire national de Busan, dans le sud de la ville, à bord d’une ambulance puis d’un hélicoptère, a indiqué l’agence de presse sud-coréenne Yonhap. Conscient lors de son transfert, portant apparemment une minerve, l’avocat spécialiste des droits humains n’aurait perdu que très peu de sang, selon la police de Busan, qui évoque «une lacération d’un centimètre au cou». Le suspect ne s’est pas exprimé sur les motivations de son geste, selon Yonhap, citant des sources policières.
Alors que les premières informations indiquaient que ses jours ne seraient pas en danger, son parti a affirmé qu’il avait été admis en soins intensifs après avoir été opéré. Le député du parti démocrate Kwon Chil-seung a ainsi déclaré que «des dommages à la veine jugulaire interne ont été confirmées», ajoutant que Lee Jae-myung est «actuellement en soins intensifs et se rétablit».
«Un acte de terreur»
«C’est un acte de terreur contre M. Lee et une grave menace pour la démocratie qui ne devrait jamais se produire, quelles que soient les circonstances», a déclaré aux journalistes présents à l’extérieur de l’hôpital le député du Parti démocrate, Kwon Chil-seung. Se montrant prudent, ce dernier a ajouté attendre «l’évaluation des médecins», «quant à l’état de santé de M. Lee», exigeant l’ouverture d’une enquête «approfondie».
D’après des images diffusées par la télévision sud-coréenne, l’assaillant portait un couvre-chef sur lequel figurait le nom de Lee Jae-myung. Chef du Parti démocrate, porté par de bons sondages et largement pressenti pour l’élection présidentielle en 2027, l’homme politique avait perdu contre l’actuel président conservateur, Yoon Suk-yeol, lors de l’élection présidentielle de 2022. Ce dernier exprime ce mardi sa «vive inquiétude pour la sécurité de Lee Jae-myung après avoir appris l’attaque», selon sa porte-parole, qui a également «souligné que notre société ne devrait jamais tolérer ce type d’acte de violence, quelles que soient les circonstances».
Accusations de corruption
Ancien ouvrier et gouverneur de la province de Gyeonggi, la plus peuplée du pays et qui entoure Séoul, Lee Jae-myung avait proposé des mesures originales, notamment un revenu universel minimum et des uniformes scolaires gratuits au cours de la dernière campagne présidentielle. Sa candidature avait cependant été émaillée par une série de scandales, le démocrate étant notamment critiqué pour une transaction immobilière jugée douteuse. Des rumeurs lancinantes lui avaient prêté aussi des liens avec la mafia et son épouse avait été accusée d’utilisation illégale de fonds publics.
En septembre 2023, Lee Jae-myung a évité l’arrestation après qu’un tribunal a rejeté une demande de placement en détention provisoire émanant du parquet dans l’attente de son procès pour diverses accusations. Il est notamment soupçonné de corruption en lien avec une entreprise qui aurait illégalement transféré 8 millions de dollars vers la Corée du Nord. Lee Jae-myung est aussi accusé d’avoir fait perdre 20 milliards de wons (15 millions de dollars) à une entreprise détenue par la ville de Seongnam (nord-ouest), dont il était le maire.
Mis-à-jour : ajout de l’admission en soins intensifs de Lee Jae-myung ce mardi 2 janvier à 13h15