La vie de Lee Chun-ja a basculé à 19 ans, quand les premiers nodules sont apparus sur sa peau. Atteinte de la lèpre, l’adolescente doit quitter sa famille au début des années 1960 et partir sur l’île de Sorok, dans le sud-ouest de la péninsule, où un hôpital spécialisé a été installé pendant la colonisation japonaise (1910-1945). Il lui faut trois ans pour guérir de la maladie de Hansen, l’autre nom de la lèpre, mais elle est contrainte de rester treize années à Sorok. Après la libération puis la partition du pays, les autorités sud-coréennes continuent pendant plusieurs décennies d’y isoler les patients et de les maltraiter.
«J’ai subi deux avortements forcés», raconte Lee Chun-ja, aujourd’hui âgée de 84 ans. Les fœtus sont