«Le travail était trop dur pour le robot», s’émeut en première page un journal de presse locale à Gumi, ville située dans le centre de la Corée du Sud. Employé comme fonctionnaire municipal, l’androïde semble s’être jeté du haut d’un escalier. Un suicide ? L’hypothèse pourrait faire sourire, mais elle est prise très au sérieux par la municipalité, qui a ouvert une enquête. «Il était l’un des nôtres», a regretté l’un des fonctionnaires.
Depuis près d’un an, le robot employé à la mairie de Gumi aidait les habitants à accomplir des tâches administratives, a expliqué à l’AFP un responsable de l’équipe municipale. Il travaillait de 9 heures à 18 heures et possédait sa propre carte d’agent de la fonction publique. Autre fait notable, à la différence d’autres androïdes cantonnés à un seul niveau, il pouvait appeler l’ascenseur et passer d’un étage à un autre.
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Il a été retrouvé la semaine dernière en bas d’un escalier, inerte. Juste avant sa chute, des témoins l’ont vu «tourner en rond», a raconté ce même responsable de l’équipe municipale. «Des pièces ont été collectées et seront analysées» par la société l’ayant conçue, a-t-il ajouté.
Cet employé atypique a été développé par la société californienne Bear Robotics, bien connu pour ses robots au rôle de serveurs dans la restauration, qui ressemblent à des dessertes de cuisine. Les ventes de ces machines ont explosé dans plusieurs pays asiatiques, surtout au Japon, juste après le début de la crise sanitaire liés au Covid-19.
Robotisation de la société
La présence de ces machines dans le monde du travail afin d’accomplir des tâches d’ordinaire effectuées par des humains est déjà devenue quelque chose de banal en Corée du Sud. Le pays possède la plus forte densité de robots au monde, avec une machine pour dix employés, selon la Fédération internationale de la robotique. Certains ont même été expérimentés dans des prisons pour remplacer les surveillants des détenus.
La présence croissante de ces robots dans le monde professionnel passionne, mais elle inquiète aussi. Une étude de la Banque de Corée, publiée fin 2023, révèle que près de quatre millions de travailleurs, principalement des cols blancs, pourraient être remplacés par l’intelligence artificielle d’ici à deux décennies dans le pays.