Il y a deux ans, Charu Reddy (1) se trouvait en pleine ascension professionnelle. Agée de 28 ans et hautement diplômée, elle travaillait dans les services de contentieux dans une grande banque internationale. Elle met un enfant au monde et prend six mois de congé maternité, la durée légale en Inde.
Mais elle se rend vite compte que ce n’est pas assez : il y a très peu de crèches en Inde et ses parents âgés peinent à s’occuper de son jeune garçon. Elle demande donc à sa compagnie à travailler partiellement depuis la maison. Requête rejetée. «J’ai dû démissionner pour m’occuper à plein temps de mon enfant, explique-t-elle, fataliste. Si j’avais pu être en télétravail, je serais encore dans cette entreprise aujourd’hui.»
Comme Charu, selon l’office indien de statistiques, 48% des femmes indiennes de moins de 30 ans interrompent leur carrière, généralement après leur mariage, et seulement 18% d’entre elles reprennent ensuite leur vie professionnelle. Ce sacrifice, reflet de la société patriarcale indienne, entraîne une large exclusion professionnelle des femmes : selon le rapport 2021 du Forum économique mondial, seulement 22,3% des Indiennes sont considérées comme actives, l’un des taux les plus bas au monde, en recul de 14 points en douze ans.
«Cette flexibilité est cruciale»
Mais la tendance serait en train de s’inverser, grâce à la pandémie et à son corollaire : le télétravail. Les femmes n’ont plus à choisir entre leur métier et leur famille, elles peuvent cumuler. Charu Reddy a ainsi sauté sur