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Libération
Bien vieillir

En Inde, Salima Khan apprend à lire et écrire à 92 ans

La vieille dame, qui rêvait d’aller à l’école, a fini par sauter le pas malgré son âge. Mardi 26 septembre, elle a passé avec succès un examen qui la sort de la case « analphabète» et est devenue un exemple pour son village et au-delà.
Depuis la scolarisation de Salima Khan, 25 femmes de son village, dont deux de ses belles-filles, ont également commencé à suivre des cours d’alphabétisation. (Indranil Mukherjee /AFP)
publié le 27 septembre 2023 à 13h49

«Chaque jour je me réveillais avec les cris de joie des élèves entrant dans l’école primaire publique devant ma maison dans le village de Chawli, et pourtant je n’y entrais jamais, même si j’avais toujours l’envie d’étudier.» Mardi 26 septembre, Salima Khan, Indienne de 92 ans, a passé avec succès un examen qui la sort de la case «analpabète». L’histoire, rapportée par le Times of India, ne s’arrête pas là puisque dans le sillage de Salima Khan, nombre de femmes de son village ont décidé de suivre son exemple et se sont installées sur les bancs de l’école.

Il y a six mois, accompagnée sur le chemin de l’école par l’épouse de son petit-fils à Bulandshahr, dans l’Etat de l’Uttar Pradesh, dans le nord de l’Inde, la vieille dame a enfin commencé son instruction aux côtés d’élèves plus jeunes qu’elle d’au moins huit décennies. Salima Khan, née vers 1931 et mariée à l’âge de 14 ans, deux ans avant l’indépendance de l’Inde en 1947, rêvait depuis toujours de savoir lire et écrire. Enfant, il n’y avait pas d’école dans son village.

«Je ne savais pas compter les billets de banque»

L’histoire de cette grand-mère aux yeux plissés a attiré l’attention après la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle elle comptait de un à 100. «Mes petits-enfants me trompaient pour que je leur donne plus d’argent, car je ne savais pas compter les billets de banque, raconte-t-elle au quotidien Times of India. Ces jours sont révolus.»

Le taux d’alphabétisation de l’Inde est d’environ 73 %, selon le recensement de 2011. «Son histoire renforce la conviction que la poursuite de la connaissance n’a pas de limite d’âge», a déclaré à l’AFP Lakshmi Pandey, responsable éducative. Des bénévoles participant à une initiative gouvernementale en faveur de l’éducation pour tous avaient identifié Salima Khan comme une étudiante potentielle et l’ont encouragée à s’inscrire à l’école, a expliqué Lakshmi Pandey.

Selon la directrice de l’école, Pratibha Sharma, les enseignants se sont d’abord montrés «hésitants» à l’idée d’instruire la nonagénaire, mais ils ont vite été conquis par sa «passion» pour l’étude : «Nous n’avons pas eu le cœur de la refuser.» Depuis sa scolarisation, 25 femmes de son village, dont deux de ses belles-filles, ont également commencé à suivre des cours d’alphabétisation.

Selon le Guinness World Records, le Kényan Kimani Ng’ang’a Maruge est la personne la plus âgée à avoir, en 2004, achevé à 84 ans le cycle de l’école primaire. Décédé depuis, cet ancien guérillero Mau Mau s’était battu contre les forces coloniales britanniques. Il avait voulu aller à l’école afin de pouvoir compter son argent et lire la Bible.