«Avant, c’était plein de mangroves.» Sur un pont surplombant une partie de la baie de Balikpapan, à l’est de Kalimantan – appellation indonésienne de l’île de Bornéo –, Koesno (1) observe attentivement le paysage se modifier. Ce membre d’une ONG locale – dont il préfère taire le nom par crainte de subir des pressions de la part des autorités – voit depuis fin 2022 le bitume et les engins de construction remplacer la faune et la flore. En mer, des bateaux chargés de matériaux à destination ou provenant de la future capitale, Nusantara, qui remplacera Jakarta, se succèdent comme sur une autoroute. «Vous pouviez voir certains singes à long nez dans le coin [des nasiques, endémiques de l’île, ndlr]», assure-t-il, son appareil photo à la main. L’Indonésien ne cache pas son inquiétude : avec les chantiers qui envahissent progressivement la baie et le hurlement des machines, son objectif capture de moins en moins d’animaux.
Le projet de construction de Nusantara – aussi appelée «IKN» par les Indonésiens pour «Ibu Kota Nusantara», littéralement «capitale de l’archipel» – à quelques kilomètres de là, e