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Reportage

En Indonésie, la capitale «verte» Nusantara érigée au péril de l’environnement

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La biodiversitédossier
Pour remplacer Jakarta, menacée par la montée de eaux, le pays inaugure samedi 17 août sa ville nouvelle annoncée neutre en carbone. Sa construction, encore inachevée, entraîne pourtant une déforestation massive de Bornéo, au péril de la biodiversité et de la population.
Nusantara devrait s’étaler sur 620 km² et son aire métropolitaine pourrait atteindre les 2 500 km², pour accueillir 2 millions de personnes d’ici 2045. (Muhammad Fadli/Bloomberg. Getty Images)
par Juliette Pietraszewski, envoyée spéciale à Nusantara (Indonésie)
publié le 16 août 2024 à 6h40
(mis à jour le 17 août 2024 à 10h54)

«Avant, c’était plein de mangroves.» Sur un pont surplombant une partie de la baie de Balikpapan, à l’est de Kalimantan – appellation indonésienne de l’île de Bornéo –, Koesno (1) observe attentivement le paysage se modifier. Ce membre d’une ONG locale – dont il préfère taire le nom par crainte de subir des pressions de la part des autorités – voit depuis fin 2022 le bitume et les engins de construction remplacer la faune et la flore. En mer, des bateaux chargés de matériaux à destination ou provenant de la future capitale, Nusantara, qui remplacera Jakarta, se succèdent comme sur une autoroute. «Vous pouviez voir certains singes à long nez dans le coin [des nasiques, endémiques de l’île, ndlr]», assure-t-il, son appareil photo à la main. L’Indonésien ne cache pas son inquiétude : avec les chantiers qui envahissent progressivement la baie et le hurlement des machines, son objectif capture de moins en moins d’animaux.

Le projet de construction de Nusantara – aussi appelée «IKN» par les Indonésiens pour «Ibu Kota Nusantara», littéralement «capitale de l’archipel» – à quelques kilomètres de là, e