Sur Internet, plusieurs vidéos montrent des maisons détruites ou en feu. Les forces de sécurité de la Malaisie ont détruit près de 140 habitations d’une communauté autochtone vivant sur le littoral de l’Etat de Sabah, sur la partie malaisienne de l’île de Bornéo, a annoncé le gouvernement local ce vendredi 7 juin. Selon lui, les démolitions ont eu lieu dans le cadre d’une opération de «répression de la criminalité». Au total, les militants locaux estiment que plus de 500 personnes ont été expulsées de force cette semaine.
Video kami terima dari komuniti, kelmarin.
— #PandangKeBorneo ★ (@BorneoKomrad) June 5, 2024
Rumah atas air tidak hanya diroboh, malahan dibakar! Penduduk dihalau dan diusir keluar oleh autoriti. Khabarnya, ini dilakukan hingga esok dan 7 pulau terlibat
Solidariti untuk Bajau laut yang tertindas dan terpinggir! #PandangKeSabah pic.twitter.com/LC15EoiO6p
C’est dans un communiqué que le ministère du Tourisme, de la Culture et de l’Environnement de l’Etat de Sabah a annoncé que «138 habitations non autorisées» avaient été détruites entre mardi et jeudi. Affirmant que «la souveraineté des lois de la nation doit être maintenant», il a justifié l’opération par des problèmes de sécurité et d’activités criminelles transfrontalières.
«Traités comme des animaux»
Dans cette région de l’île de Bornéo vivent principalement des Bajau Laut, une communauté de nomades apatrides installés le long des côtes, et qui vivent généralement dans des maisons ou dans des huttes bâties sur pilotis. Nés sans papier d’identité, la plupart d’entre eux n’ont pas accès aux services d’éducation ou de santé, et craignent régulièrement d’être expulsés.
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Sur certaines vidéos diffusées sur internet – qui n’ont pas pu être authentifiées –, on voit des hommes frapper sur les pilotis, jusqu’à ce que la structure s’écroule. Face à une telle situation, plusieurs militants de la défense des droits humains ont condamné l’opération menée à l’encontre des Bajau Laut. «Cette situation crée-t-elle un environnement plus sûr ? Combien d’argent de la nation a-t-il été volé par les Bajau Laut pour justifier qu’ils soient traités comme des animaux ?», s’est interrogé jeudi sur Facebook Mukmin Nantang, le fondateur de l’ONG locale Borneo Komrad.
La communauté autochtone fait «l’objet d’une discrimination systémique», a fustigé de son côté le groupe de défense des droits humain Pusat Komas, qui appelle à des réponses de la part des autorités sur ces expulsions. «Leur déplacement forcé soulève de sérieuses questions quant au traitement équitable des minorités ethniques en Malaisie», a poursuivi l’ONG jeudi. Pour Pusat Komas, il est aujourd’hui essentiel de s’attaquer au problème du statut de cette communauté, qui les empêche de «revendiquer des droits et une protection juridique», complète le site d’information Free Malaysia Today.
Début mai, les Bajau Laut avait déjà été sommés de quitter les lieux sous prétexte qu’ils avaient construit des maisons non autorisées dans le parc marin protégé de Tun Sakaran, situé au large de Sabah. Selon le ministère, la démolition des logements visait aussi à protéger le parc contre la pêche illégale, l’agriculture et la construction de structures sans autorisation. Les membres de la communauté construisent généralement leurs maisons sur pilotis dans ce parc, au-dessus de récifs coralliens à la riche biodiversité marine.