Faut-il parler de science néo-zélandaise du maintien de l’ordre ? Des techniques pour le moins inhabituelles ont été employées, dimanche à Wellington, pour tenter de disperser des centaines de manifestants rassemblés devant le Parlement. Sur une décision de l’institution visée, les autorités ont fait usage d’arroseurs automatiques et tenté d’assommer les manifestants en diffusant à tue-tête des musiques infernales, notamment Baby Shark, la Macarena ou Mandy de Barry Manilow. Mais les centaines de manifestants, inspirés par les autoproclamés «convois de la liberté» canadiens, ont dansé dans la boue sur les airs censés les forcer à se disperser avant de riposter avec leurs tubes favoris.
“Baby Shark”, mud, straw and dancing at the Parliament Grounds Occupation pic.twitter.com/bQEK0rV50I
— Bryce Edwards (@bryce_edwards) February 12, 2022
Les manifestants ont aussi eu le droit au dévastateur You’re Beautiful de James Blunt… après une suggestion de l’artiste britannique lui-même sur Twitter. Là encore, cela n’a pas vraiment fonctionné, les manifestants reprenant à tue-tête cet air sirupeux.
Turns out the protesters are fans 😭 pic.twitter.com/QzdBakhHh1
— :) (@JaspersFrosting) February 12, 2022
Ce Woodstock des antipodes peut prêter à sourire mais il n’a pas du tout été du goût de la police locale. Le surintendant Corrie Parnell, chef de la police de Wellington, s’en est ouvert sur Radio New Zealand : «Ce ne sont certainement pas des tactiques ou des méthodologies que nous approuverions, et nous aurions préféré que cela ne se produise pas.» Pour autant, le gradé n’appelle pas à former une nasse ou à une charge matraque au poing pour réprimer le mouvement. «Il ne s’agit pas […] d’arrêter des gens pour sortir [de cette situation]», affirme Corrie Parnell, appelant les organisateurs à la négociation et les manifestants à déplacer les véhicules qui bloquent toujours les rues.
Des actions «peu glorieuses, embarrassantes et inefficaces»
La police néo-zélandaise n’a pas toujours eu cette approche non violente. Jeudi, une tentative de dégager les pelouses par la force avait entraîné des affrontements brutaux et plus de 120 arrestations, mais qui n’a fait que durcir la détermination des protestataires. D’où le changement de stratégie policière, sans en arriver, donc, aux extrémités musicales de dimanche.
Il n’y a pas que dans l’institution policière que la playlist est mal passée. L’opposition politique néo-zélandaise ne s’est pas privée de réagir, blâmant copieusement le président du Parlement, Trevor Mallard, pour avoir approuvé cette mesure. «Les actions de Mallard sont peu glorieuses, embarrassantes et inefficaces», a tweeté le parlementaire Chris Bishop, du Parti national. «Non seulement les pitreries de Mallard sont immatures, non seulement elles sont inefficaces, mais elles ont rendu une situation grave bien pire, estime David Seymour, leader du parti d’opposition ACT. Son comportement mesquin n’a fait qu’encourager les manifestants.» La Première ministre, Jacinda Ardern, a de son côté refusé de commenter la joute musicale de dimanche.