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Justice

En Thaïlande, le «dépeceur» espagnol échappe à la peine de mort

Daniel Sancho, fils d’un célèbre acteur, a été condamné à perpétuité pour avoir tué et coupé en morceaux son amant, un chirurgien colombien, en 2023.
Les avocats de Daniel Sancho devant le tribunal de Koh Samui, le 29 août. (Lillian Suwanrumpha /AFP)
publié le 29 août 2024 à 19h22

On l’avait baptisé le «dépeceur de la pleine lune». Dans une affaire criminelle qui a tenu en haleine trois pays, la Thaïlande, l’Espagne et la Colombie, le cuisinier espagnol Daniel Sancho, accusé d’avoir tué et démembré en août 2023 son compagnon colombien Edwin Arrieta lors de vacances en Thaïlande, a été condamné ce jeudi 29 août à la réclusion à perpétuité. Il sauve ainsi sa tête, puisque la peine de mort est toujours en vigueur au royaume de Rama X. Même si ces vingt dernières années, la peine capitale (par injection létale) n’a été appliquée dans le pays que trois fois : deux exécutions en 2009 et une en 2018.

Daniel Sancho, 30 ans, a été reconnu coupable des trois chefs d’inculpation retenus contre lui : meurtre avec préméditation, dépeçage et dissimulation du corps et destruction du passeport de la victime. Lors du procès en avril-mai, l’accusé avait plaidé coupable d’un seul crime : la découpe et dissimulation du cadavre. Selon sa version, le médecin de 44 ans avait tenté de l’agresser sexuellement et serait mort d’une chute accidentelle dans la salle de bains de leur bungalow. Le cuisinier se serait contenté de dépecer le corps pour le faire disparaître. A l’audience, il avait décrit une relation toxique et basée sur l’emprise de la part de son amant, qui lui avait déjà offert des séjours dans des sites luxueux.

L’île des «full moon parties»

La notoriété de la victime et celle de son assassin ont décuplé la médiatisation du fait divers. Edwin Arrieta était un chirurgien plastique réputé, qui exerçait en Colombie mais aussi au Chili. Daniel Sancho est issu d’une dynastie d’acteurs très populaires grâce à la télévision : son père Rodolfo Sancho a tourné dans de nombreuses séries, et son grand-père Sancho Gracia, disparu en 2012, est resté dans la mémoire collective des Espagnols grâce à son interprétation du bandit d’honneur Curro Jiménez.

Le lieu du crime a aussi joué son rôle : l’île de Ko Pha Ngan, dans le sud-est de la Thaïlande, est décrite comme un petit paradis encore préservé du tourisme de masse qui a envahi d’autres destinations dans le pays. Les «full moon parties», fêtes organisées sur les plages à chaque pleine lune, ont fait la réputation de l’île et attirent de nombreux visiteurs. Le procès s’est tenu en avril et en mai sur l’île voisine de Koh Samui.

«Le verdict a été rendu, les deux parties ont le droit de faire appel conformément à l’Etat de droit», a déclaré l’avocate de la famille de la victime, Bussakorn Kaewleeled, devant des dizaines de reporters espagnols rassemblés au Palais de justice de Koh Samui. Le condamné devra verser une compensation de 4 millions de bahts (107 000 euros) à la famille du chirurgien, qui réclamait 16 millions de bahts et peut elle aussi faire appel pour obtenir une meilleure indemnisation.

Un mois pour faire appel

Son père, présent sur place, a indiqué qu’il allait poursuivre la bataille juridique, soit en faisant appel du verdict afin d’obtenir un nouveau procès à Koh Samui, soit par un recours auprès de la Cour suprême qui siège à Bangkok. Dans les deux cas, la décision ne serait pas rendue avant un an. Dès qu’ils recevront copie du jugement, dans les prochains jours, les avocats disposent d’un délai d’un mois pour le contester.

En février, un autre étranger, un DJ autrichien de 42 ans, installé sur l’île de Ko Pha Ngan depuis plusieurs années, avait été tué à coups de barre de fer. Le suspect arrêté était, là encore, un étranger : un citoyen marocain.